La Corée du Sud veut s'y lancer tête première, le Japon recule et les États-Unis avancent péniblement dans la division: la question des marchés du carbone termine l'année 2010 tout en contraste sur la planète.

La Corée du Sud a intensifié ses efforts cette semaine pour convaincre ses acteurs industriels de soutenir une réglementation sur les émissions de gaz à effet de serre. L'idée est de fixer des seuils de pollution et permettre aux entreprises d'échanger des crédits de carbone (système de plafond et échanges).

«Il est important de voir notre système d'échanges de façon positive. Il faut comprendre qu'il s'agit d'une autre industrie qui aidera notre croissance économique», a plaidé cette semaine le président du pays, Lee Myung-bak, cité par l'agence Reuters.

La Corée du Sud a fait de la réduction des gaz à effet de serre l'un des piliers de sa stratégie de croissance verte. Le pays a promis des milliards de dollars pour encourager l'énergie solaire et éolienne et pour augmenter les exportations de technologies propres.

Opposants

Le hic, c'est que certains grands joueurs industriels coréens s'opposent à des lois qui les obligeraient à réduire leurs émissions. Le gouvernement devait adopter des lois en ce sens ce mois-ci, mais a repoussé la chose en février prochain devant la pression.

Au même moment, le Japon a carrément jeté l'éponge et annoncé hier qu'il suspendait l'idée d'instaurer un système de plafond et d'échanges devant la pression de l'industrie.

«Nous avons décidé d'examiner l'idée de façon plus minutieuse, mais nous n'avons pas abandonné les plans d'introduire un système d'échanges», a dit le ministre de la Stratégie nationale, Koichiro Gemba, encore cité par l'agence Reuters.

Le Japon avait d'abord prévu instaurer un système de plafond et d'échanges en 2013, un échéancier qui pourrait donc être retardé.

L'affaire est loin d'être insignifiante: croyant être un jour réglementées, les entreprises japonaises comptaient parmi les plus grands acheteurs de crédits de carbone du monde. Selon l'organisation Point Carbon, l'annonce du gouvernement japonais risque donc de freiner la demande pour de tels crédits.

États-Unis

Aux États-Unis, le contexte politique demeure extrêmement divisé. Menacée de poursuites par un groupe d'États et d'organisations non gouvernementales, l'Environmental Protection Agency (EPA) américaine a finalement dévoilé la semaine dernière un échéancier sur des «normes d'émission» qui s'appliqueront à certains secteurs industriels aux États-Unis.

Dès juillet 2011, les producteurs d'énergie américains devraient donc être fixés sur les niveaux d'émission de gaz à effet de serre qui sont considérés comme acceptables pour leur industrie. Les raffineurs de pétrole connaîtront quant à eux leurs normes le 15 décembre 2011.

Selon l'EPA, les centrales énergétiques fonctionnant aux carburants fossiles et les raffineries de pétrole représentent 40% des émissions américaines.

Ces «normes» seront données à titre indicatif seulement et ne feront pas encore office de seuils légaux à ne pas dépasser. La lutte est vive aux États-Unis: l'EPA a une obligation légale de réglementer les émissions de gaz à effet de serre selon le Clean Air Act, mais les Républicains ont promis de s'attaquer vigoureusement à ses mesures l'an prochain.

Notons que le Canada n'a pas de système national de plafond et d'échanges.

La Western Climate Initiative, marché du carbone qui regroupera sept États américains et quatre provinces canadiennes, dont le Québec, doit toutefois démarrer en 2012.