Noël est arrivé avec un peu d'avance au Saguenay-Lac-Saint-Jean et à Kitimat, en Colombie-Britannique, qui ont eu hier la confirmation que des investissements de 1,5 milliard de Rio Tinto Alcan se concrétiseront dans leur région.

«Il y a un an et demi, on n'aurait pas gagé sur la réalisation de ces projets», a rappelé Jacynthe Côté, chef de la direction de Rio Tinto Alcan, lors d'un entretien téléphonique.

Rio Tinto, la société mère d'Alcan, remet en effet la machine en marche après la crise financière et la récession qui l'a forcée à ralentir l'expansion de sa division aluminium. Au total, la multinationale projette d'investir 11 milliards en 2011, surtout dans des projets miniers.

Dans sa division aluminium, les projets en cours au Canada, soit la construction d'une usine-pilote utilisant une nouvelle technologie à Jonquière et la modernisation de l'usine de Kitimat en Colombie-Britannique, n'avaient pas été abandonnés mais passablement ralentis.

Hier, Rio Tinto Alcan a annoncé des investissements d'un peu plus de 1 milliard de dollars américains à chaque extrémité du pays. Au Saguenay, l'usine pilote de Jonquière qui utilisera la dernière version de la technologie AP (pour Aluminium Péchiney) recevra 758 millions US pour compléter sa première phase et produire 63 000 tonnes d'aluminium en 2013. Rio Tinto Alcan a déjà dépensé 371 millions dans ce projet.

Rio Tinto Alcan investit aussi 300 millions dans la poursuite de la modernisation de son usine de Kitimat, en Colombie-Britannique. Il s'agit d'un projet de 2,5 milliards, qui augmentera la capacité de l'usine de 48%.

Au Saguenay, la production de l'usine-pilote augmentera graduellement pour atteindre 460 000 tonnes. Il s'agit d'un projet de 1,1 milliard pour lequel le gouvernement du Québec a consenti en 2006 un prêt sans intérêt de 400 millions et un bloc d'électricité de 225 mégawatts au tarif industriel régulier (tarif L).

Québec devrait recevoir des redevances de 2 millions pour chaque nouvelle aluminerie qui utilisera la technologie développée par Péchiney et acquise par Alcan d'abord et Rio Tinto ensuite.

Quatre ans après la signature de cette entente, trois ministres du gouvernement Charest, Nathalie Normandeau, Clément Gignac et Serge Simard, étaient au Saguenay hier pour se réjouir de l'annonce de Rio Tinto Alcan. «Notre partenariat avec Rio Tinto Alcan illustre bien la pertinence et le potentiel économique de la stratégie énergétique du Québec», a commenté la ministre des ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

La technologie AP permet de produire plus d'aluminium en utilisant moins d'énergie, ce qui réduit les coûts.

Le revers de la médaille

L'entente conclue en 2006 entre le gouvernement du Québec et Alcan, et ratifiée en 2007 par son nouveau propriétaire Rio Tinto, prévoyait aussi des fermetures dont il n'a pas été question hier mais qui sont bien réelles.

La fermeture de l'usine de Beauharnois, en 2011, a déjà été annoncée. Deux autres usines parmi les plus vieilles de Rio Tinto Alcan au Québec, les alumineries de Shawinigan et d'Arvida, cesseront leurs activités d'ici 2015 au plus tard. L'usine Vaudreuil de Jonquière, qui produit de l'alumine, est aussi condamnée à plus ou moins brève échéance, mais elle réussit à survivre en améliorant sa performance.

À Grande-Baie, Rio Tinto Alcan exploite une autre aluminerie qui a 30 ans d'âge, mais dans laquelle l'entreprise investit «pour la garder jeune», a souligné hier Jacynthe Côté.

La veille, le responsable des finances de la société mère Rio Tinto avait été très clair. Les actifs les plus petits et les plus vieux de la division aluminium, qui ont des possibilités limitées d'expansion, seront vendus ou fermés, même s'ils sont rentables, a dit Guy Elliott à un quotidien australien.

Rio Tinto Alcan a perdu 578 millions US en 2009. Cette année, après les six premiers mois, la division affichait des profits de 358 millions US.

-----------------

INVESTISSEMENT ANNONCÉ

1 milliard US

dont

758 millions US à Jonquière

et

300 millions US à Kitimat en Colombie-Britannique

-----------------

RIO TINTO DANS LE MONDE

102 000 employés

RIO TINTO ALCAN AU QUÉBEC

7 000 employés

1,5 million de tonnes produites par année

RIO TINTO ALCAN

22 900 employés

3,8 millions de tonnes d'aluminium produites par année