Les défenseurs et les opposants à l'amiante se sont affrontés par médias interposés, mardi, alors qu'une délégation provenant de plusieurs pays d'Asie est venue faire campagne au Québec pour tenter de contrer la réouverture de la mine Jeffrey à Asbestos.

Les promoteurs de ce projet de 80 millions $ attendent toujours la réponse du gouvernement du Québec, à qui ils ont demandé une garantie de prêt de 58 millions $.

Les opposants veulent justement profiter de ce délai pour s'adresser directement aux Québécois afin qu'ils empêchent l'exportation de l'amiante chrysotile d'Asbestos en Asie.

Au cours d'une rencontre avec la presse, mardi à Montréal, les opposants ont brossé un sombre portrait de l'industrie de l'amiante dans les pays asiatiques où, selon leurs dires, les travailleurs et les citoyens sont loin de bénéficier des moyens de protection dont jouissent les Québécois.

«Autour du monde, le mouvement international des travailleurs, des syndicats, lutte pour obtenir un bannissement global de l'amiante parce qu'ils ont vu trop de monde mourir de l'amiante. Autour du monde, on regarde ce qui se passe ici au Québec en ce moment et les gens sont un peu horrifiés par ce qui se passe», a commenté Kathleen Ruff, coordonnatrice de la Délégation de solidarité Asie-Québec.

À ses côtés, Sugio Furuya, chef de la Délégation de solidarité Asie-Québec, qui vient du Japon, a renchéri en affirmant qu'«aucun être humain ne devrait être exposé à un tel danger».

La délégation a fait entendre aux médias des témoignages de personnes qui, dans un cas, est atteinte d'un mésothéliome, et, dans un autre cas, a perdu son père qui transportait des produits d'amiante.

Selon eux, l'industrie de l'amiante chrysotile et le gouvernement du Québec «intoxiquent l'opinion publique en prétendant qu'il est possible d'utiliser l'amiante d'une manière sécuritaire et sans danger pour la santé».

La délégation doit rencontrer jeudi le ministre du Développement économique, Clément Gignac, après avoir réclamé en vain une rencontre avec le premier ministre Jean Charest. Elle espère également s'entretenir avec des représentants de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

Défenseurs

Le consortium international qui est prêt à exploiter la mine Jeffrey a répliqué à  tous ces reproches.

Son porte-parole, Guy Versailles, a défendu l'intégrité du groupe. «Il n'exporte qu'à des entreprises établies, où règnent des conditions de travail adéquates, qui permettent une utilisation responsable de la chrysotile», a-t-il soutenu.

Il invite d'ailleurs le gouvernement du Québec à aller inspecter lui-même, avec ses propres experts, les installations de ses clients une fois l'an pour vérifier la sécurité des procédés et la sécurité de l'utilisation de l'amiante. «On ne pourra pas dire qu'ils sont à notre solde», a objecté M. Versailles.

Le mouvement Pro Chrysotile s'est pour sa part étonné des «efforts considérables déployés par les anti-amiante» venus d'Asie au Québec pour tenter de contrer le projet de mine Jeffrey.

Le mouvement parle «d'acharnement maladif» contre l'amiante et de «sorties sensationnalistes» sans «aucun argument nouveau fondé sur la science».