La croissance de la filière éolienne au Canada pourrait être ralentie si un programme de crédit d'impôt fédéral n'est pas renouvelé au printemps prochain, soutiennent des observateurs de l'industrie.

En Ontario, l'industrie a le vent dans les voiles. La semaine dernière, le gouvernement McGuinty a annoncé l'ouverture de deux nouvelles usines de fabrication de composantes de turbines, ce qui générera quelque 600 emplois.

Et pour le plus grand lobby du secteur éolien au Canada, l'Association canadienne de l'énergie éolienne (CanWEA), le gouvernement fédéral doit aller dans le même sens.

CanWEA s'inquiète de l'éventuelle disparition du programme incitatif écoÉNERGIE pour l'électricité renouvelable. En vertu de ce programme, le gouvernement s'était engagé à verser, pendant une période maximale de dix ans, un cent par kilowattheure pour les projets permettant de produire de l'électricité propre à partir de sources d'énergie renouvelable.

Dès avril 2007, les industries de la filière éolienne - entre autres énergies renouvelables - avaient bénéficié des subventions du programme fédéral évalué à 1,48 milliard $.

Mais en mars 2011, le gouvernement menace de couper les vivres. Les lobbyistes de CanWEA tentent de convaincre le gouvernement Harper de prolonger le programme, mais selon eux, il serait étonnant de voir Ottawa faire volte-face.

Le président de CanWEA, Robert Hornung, soutient que l'implication des provinces a certes stabilisé le marché, mais il fait aussi valoir que l'incitatif fédéral a joué un rôle majeur dans le développement du secteur de l'énergie éolienne en Alberta, une province riche en pétrole.

«Les gens mettront des projets sur pied seulement s'ils peuvent obtenir un taux de rendement», souligne-t-il tout en précisant qu'il y a désormais une compétition à l'échelle mondiale en ce qui concerne les investissements dans le secteur de l'éolien.

«L'absence d'une initiative fédérale freine la compétitivité du marché canadien», juge M. Hornung.

Dans plusieurs régions canadiennes, l'industrie a connu une croissance progressive, notamment dans les régions venteuses de l'Ouest canadien, dans le sud de l'Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse.

Les experts du secteur éolien sont d'avis que le pays en entier doit suivre l'exemple des provinces qui, comme l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique, ont adopté des politiques afin de stimuler les investissements dans cette filière énergétique.

Car les ressources éoliennes du Canada pourrait attirer une manne investisseurs, affirme un analyste de l'industrie éolienne chez Global Clean Tech, Gérard Reid.

«Dans certaines régions de l'ouest et de l'est du Canada, où le gisement éolien est riche, il serait possible de produire de l'électricité (éolienne) à un prix aussi bas qu'en utilisant du charbon.»

Selon M. Reid, en combinant les capacités de production éolienne et hydroélectrique canadiennes, le Canada pourrait devenir un leader dans le domaine des énergies renouvelables.