Hydro-Québec a débranché cette année un nombre record de 39 400 clients pour cause de non-paiement de factures. C'est deux fois plus qu'en 2009 et ce n'est pas seulement à cause de la récession. L'entreprise a simplement décidé d'appliquer plus rigoureusement ses procédures de recouvrement.

Ce tour de vis a été vigoureusement dénoncé hier par toutes les associations de consommateurs du Québec, qui y voient un signe que de plus en plus de ménages ont de la difficulté à payer leur facture d'électricité et qu'Hydro se montre insensible à cette réalité.

La société d'État s'en défend. Les interruptions de service n'ont pas touché la clientèle à faibles revenus, assure sa porte-parole, Flavie Côté. Elles résultent simplement de l'application plus rigoureuse de la politique de recouvrement des factures impayées, a-t-elle expliqué.

La clientèle à faibles revenus fait toujours l'objet d'une attention particulière qui prévoit notamment l'étalement du remboursement des sommes dues, selon Hydro.

Hydro-Québec s'est imposé l'obligation de ne débrancher aucun client en hiver, soit entre le 1er décembre et le 1er avril. Entre ces deux dates, elle a débranché cette année 3500 commerces et 35 900 résidences. C'est deux fois plus que l'an dernier, mais cette mesure radicale ne touche quand même que 1% de l'ensemble de la clientèle.

Hydro facture de l'électricité déjà consommée et a décidé de limiter ses pertes pour mauvaises créances. Pour 2010, les pertes pour mauvaises créances sont estimées à 83 millions de dollars pour la clientèle résidentielle seulement.

Les procédures de recouvrement plus rigoureuses s'appliquent à toutes les catégories de clients, y compris les grands consommateurs industriels. Récemment, Hydro a demandé à la Régie de l'énergie de pouvoir réduire le délai accordé aux grandes entreprises pour acquitter leur facture d'électricité.

Hydro veut ainsi limiter les pertes subies lors de la fermeture d'une usine ou d'un recours à la loi pour éviter la faillite.

Vol d'électricité

En plus de mieux gérer ses comptes en souffrance, Hydro a entrepris de traquer les voleurs d'électricité, soit ceux qui trafiquent les compteurs pour réduire leur facture.

En 2011, Hydro prévoit récupérer ainsi 6,1 millions auprès des clients qui n'ont pas payé entièrement leur consommation d'électricité.

Dans un cas qui a été porté à l'attention de La Presse Affaires, un client qui avait un compteur trafiqué s'est vu réclamer 14 années de consommation réelle par Hydro, soit la valeur de l'électricité consommée entre l'année présumée de la modification du compteur, en 1994, et l'année où Hydro s'en est rendu compte, en 2008.

Ce client, qui nie catégoriquement avoir trafiqué son compteur, refuse de payer la somme de 7108,11$ réclamée par Hydro-Québec et a pris un avocat pour défendre sa cause.

Ce dernier, Me Jean-Guy Daigle, ne comprend pas comment Hydro peut remonter 14 années en arrière pour faire sa réclamation. Il s'agit d'un délai «invraisemblable et inexcusable», a-t-il écrit à la société d'État.