La bataille entre BHP Billiton et PotashCorp aura au moins eu ça de bon: aucun investisseur n'ignore désormais l'utilité de la potasse et les excellentes perspectives du marché des fertilisants. Mais comment en profiter? Notre match boursier met aux prises Potash Corporation, de Saskatoon, et Agrium, de Calgary.

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Stéphane Gagnon, gestionnaire principal en actions canadiennes à la Financière des professionnels, favorise la société saskatchewanaise. Les deux sociétés ont beau être des alliées dans Canpotex, sorte de cartel canadien de la potasse, elles ont des profils bien différents.

Agrium [[|ticker sym='T.AGU'|]] tire de ses activités de vente au détail environ 40% de son bénéfice avant impôts, intérêts et amortissements (données du premier semestre 2010), tandis que PotashCorp [[|ticker sym='T.POT'|]] se consacre surtout dans le secteur de la production de la ressource.

La division de production d'Agrium a une capacité totale de 8 millions de tonnes de fertilisants (produits à base d'azote, de phosphore ou de potasse), dont un peu plus de 2 millions de tonnes de potasse. PotashCorp produit quant à elle 10 millions de tonnes de potasse, soit 20% de la capacité mondiale, et Stéphane Gagnon estime que cette capacité pourrait doubler dans les quatre ou cinq prochaines années.

Une demande croissante

Au cours des deux dernières années, Agrium constituait une position plus défensive en raison de sa moins grande exposition au secteur de production, note M. Gagnon. «Mais maintenant, il faut être plus offensif, être davantage dans la production de ressources que dans la distribution.»

La demande de potasse, soutenue par l'appétit croissante des pays émergents, ne peut faire autrement qu'augmenter, soutient M. Gagnon. «En regardant en avant, c'est indéniablement Potash qui va en bénéficier le plus, affirme le gestionnaire. La société a davantage de levier sur des hausses de prix.»

Car une hausse du prix de la ressource ajoutera de la valeur à chacune des 10 millions, voire 20 millions de tonnes produites par Potash, qui compte déjà sur des coûts concurrentiels.

Tandis que l'effet d'une hausse du prix de la ressource ne devrait pas avoir d'impact aussi important sur les marges des activités de détail d'Agrium. «On ne dénigre pas Agrium, ajoute M. Gagnon, mais la performance potentielle de PotashCorp nous apparaît plus intéressante.»

Encore faut-il que les dirigeants de PotashCorp réussissent à donner toute sa valeur à la société. «Ils vont devoir se commettre pour créer de la valeur pour les actionnaires, que ce soit via un rachat d'actions ou une augmentation du paiement de dividendes», croit M. Gagnon.

Certes, PotashCorp a désormais moins de chances d'être la cible d'une acquisition. «On regarde plutôt Potash sur une base de valeur présente d'actifs, dit Stéphane Gagnon. La meilleure utilisation de leur capital réside dans leurs projets actuels et la société peut répondre à une hausse de la demande mondiale.»