Au moment où le prix de l'once d'argent franchissait hier un niveau jamais vu depuis 30 ans, le gestionnaire de fonds torontois Eric Sprott donnait un appui sans équivoque au précieux métal, toujours dans l'ombre de son cousin doré.

Après avoir gagné 6,6% jeudi, l'argent a encore pris 2,7% hier sur le marché américain, pour clôturer à 26,74$US.

Dans une conférence au Salon Investir de Montréal, Eric Sprott a tenu à réhabiliter le métal argenté. Il ne renie pas l'or, loin de là, mais pense que l'argent peut être encore plus gagnant. La firme Sprott Asset Management supervise 1,5 milliard de dollars d'actifs en argent physique et en actions de sociétés productrices d'argent, et gère le plus grand fonds canadien investi dans ce métal.

M. Sprott estime qu'il y a dans le monde actuel de l'investissement 118 onces d'or disponibles pour chaque once d'argent, et que ce ratio pourrait augmenter substantiellement. C'est donc dire que la disponibilité de l'argent est clairement plus faible. Or, l'or se vend encore 52 fois plus cher. Comment investisseur peut-il encore acheter 5 onces d'or pour une once d'argent? demande M. Sprott.

Michael Berry, éditeur de la lettre financière Morning Notes, a aussi plaidé en faveur de l'argent hier devant les investisseurs montréalais. «Aujourd'hui, c'est la monnaie réelle qui parle», a-t-il insisté en citant l'actuelle guerre des devises.

La monnaie réelle, c'est d'abord l'or, et ensuite l'argent. Mais M. Berry voit un changement de garde, considérant que l'argent et les sociétés d'argent sont sous-évalués actuellement. Tant M. Sprott que M. Berry voient le métal de la deuxième place atteindre les 50$US dans les prochains mois, un niveau auquel il s'est brièvement frotté en 1980.

«Face aux risques de la guerre des devises, de l'assouplissement monétaire et des incertitudes économiques, l'argent, cousin meilleur marché de l'or, devient de plus en plus une alternative viable pour les investisseurs», notaient hier les économistes de la firme de courtage londonienne IG Index. Profitant aussi de son utilité industrielle, l'argent devient un «réservoir de valeur apprécié», précise IG Index, cité par l'Agence France-Presse.

Pour David Coffin, coauteur de la lettre financière Hard Rock Analysts, le secteur de l'argent est plus attrayant que l'or pour l'instant. «Relativement à leurs prix respectifs, le gain potentiel est plus grand avec l'argent», a-t-il expliqué à La Presse Affaires.

«L'or n'est pas une bulle»

Eric Sprott faisait figure de vedette hier au Salon Investir. Des «fans» ont tenu à se faire photographier avec lui. Son penchant connu pour les métaux précieux le fait bien paraître aujourd'hui. «Il fallait 50 onces d'or pour acheter le Dow Jones il y a 10 ans, il n'en faut plus que sept aujourd'hui», note-t-il.

D'ailleurs, il affirme que le prix élevé de l'or (1397,70$US à la fermeture des marchés hier) n'est pas le signe d'une bulle. «Environ 0,8% des actifs financiers mondiaux sont liés à l'or, affirme-t-il. Ça dépassait 20% au début des années 80!»