Le conglomérat anglo-australien BHP Billiton n'a pas renoncé à son offre d'achat hostile pour mettre la main sur PotashCorp et poursuivra ses pourparlers avec le gouvernement fédéral même si ce dernier a refusé son offre qu'il ne jugeait pas avantageuse pour le Canada.

Le porte-parole de BHP, Ruban Yogarajah, a indiqué jeudi que son entreprise allait s'entretenir avec la division chargée d'étudier les investissements ainsi qu'avec le ministre de l'Industrie, Tony Clement. Mais M. Yogarajah a néanmoins refusé de fournir davantage de détails sur les plans de l'entreprise.

Comme le prévoit la loi, Ottawa a accordé à l'entreprise 30 jours - soit jusqu'au 3 décembre - pour réévaluer son offre. BHP pourrait très bien choisir d'abandonner la partie d'ici-là.

L'action de PotashCorp [[|ticker sym='T.POT'|]] a perdu des plumes jeudi en matinée, mais est demeurée supérieure au prix offert par BHP de 130 $ US par action et qui évaluait l'entreprise à près de 40 milliards de dollars.

Ainsi, en milieu de matinée, le titre avait glissé de 5,18 $. Vers 15h, il était en baisse de près de 4 $ et valait 142,15 $ à la Bourse de Toronto.

La transaction aurait été la plus importante prise de contrôle de l'histoire du Canada.

PotashCorp, de la Saskatchewan, est le plus grand producteur de potasse au monde, une matière utilisée pour la fabrication de fertilisants et qui a pris de la valeur au cours des dernières années en raison de la grande demande des pays en voie de développement, particulièrement la Chine.

La décision du gouvernement fédéral fait suite à une intense campagne de lobbying de la part du premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, qui s'y opposait farouchement. Ce dernier a par ailleurs ajouté que PotashCorp avait fait une «promesse» envers la province, soit de relocaliser ses dirigeants en Saskatchewan.

Le siège social de l'entreprise est à Saskatoon, mais la plupart des postes de direction et de gestion de la compagnie sont établis à Chicago.

M. Wall a indiqué qu'il avait confiance en PotashCorp pour qu'elle tienne parole, mais qu'il aimerait qu'une entente formelle soit signée.

Le premier ministre de la Saskatchewan a également annoncé qu'il avait fait appel au procureur général de la province pour examiner les options concernant PotashCorp.

Les entreprises étaient devant un tribunal de Chicago, jeudi, où la compagnie canadienne a accusé BHP d'avoir mal informé ses investisseurs sur les données importantes de son offre d'achat. BHP demande à la cour de rejeter la cause.

Par ailleurs, le Syndicat des Métallos, qui représente une grande partie des travailleurs canadiens de la potasse, a accueilli favorablement la décision du gouvernement fédéral de bloquer la vente de PostashCorp. Selon le syndicat, la décision démontre qu'il faut modifier la Loi sur Investissement Canada puisque celle-ci ne laisse aucune possibilité d'entendre les préoccupations des citoyens.

«C'est une victoire pour les gens qui travaillent dans les mines de potasse, pour les Saskatchewannais, qui risquaient de perdre environ 2 milliards par année en revenus, et pour les Canadiens, qui ne voulaient pas se retrouver avec une autre mauvaise transaction avec une multinationale étrangère», a affirmé le directeur national des Métallos, Ken Neumann.

Le Nouveau Parti démocratique a déposé une motion visant à modifier la Loi sur Investissement Canada pour forcer le gouvernement à tenir des consultations publiques avec des experts et les communautés touchées.

Lors d'un débat sur la motion tenu jeudi, le ministre de l'Industrie Tony Clement a tenté de réduire les inquiétudes concernant la période de réponse de 30 jours, qui donnerait l'occasion à l'entreprise de modifier son offre d'achat afin de la rendre plus attrayante.

Le ministre a indiqué qu'il était «impatient» de dévoiler les raisons spécifiques précisant pourquoi l'achat ne serait pas avantageux pour le Canada, mais a dit qu'il n'en avait pas le droit avant que la période de 30 jours ne soit terminée.

Gerry Ritz, le ministre fédéral de l'Agriculture, a souligné l'importance de la potasse dans le rôle du Canada pour nourrir le reste de la planète.

«Cela nous donne une position stratégique sur le marché mondial de l'alimentation, que ce soit pour la production de récoltes ou le bétail», a dit M. Ritz.