Le géant pétrolier britannique BP a vu ses profits chuter de 63% au troisième trimestre par rapport au trimestre comparable de 2009. Il s'agit cependant d'un retour dans le vert après les pertes de 17 milliards encourues au deuxième trimestre dans la foulée de la marée noire.

Au cours du troisième trimestre, le groupe a dégagé un bénéfice net de 1,79 milliard US.

Cette somme ne représente qu'un tiers des profits engrangés par BP un an plus tôt, et est très loin des milliards engrangés sur la même période par ses principaux rivaux, comme son compatriote Shell ou le français Total.

Mais elle marque néanmoins un rétablissement spectaculaire, après la perte de 17 milliards US essuyée par BP le trimestre d'avant, la plus élevée jamais subie par une entreprise britannique.

Ce retournement est dû à la remontée des prix du pétrole et du gaz, qui a compensé non seulement un recul de 4% de la production d'hydrocarbures du groupe, mais aussi une provision supplémentaire de 7,7 milliards US destinée à couvrir les frais liés à la marée noire.

Cette nouvelle provision a porté à 39,9 milliards US l'estimation du coût ultime de la catastrophe pour BP. Il a déjà déboursé dans les faits près du tiers de cette somme.

Le nouveau patron de BP, l'Américain Bob Dudley, qui a succédé il y a un mois au Britannique Tony Hayward, discrédité par sa gestion maladroite de la crise, a estimé que le groupe «était sur la voie du redressement après le tragique accident de la plateforme Deepwater Horizon».

L'explosion de celle-ci, fin avril, avait provoqué la mort de 11 employés et engendré la pire marée noire de l'histoire des États-Unis. Elle avait plongé BP dans une crise sans précédent, la chute vertigineuse de son cours de Bourse ayant menacé un temps sa survie.

M. Dudley a réaffirmé au passage sa volonté d'ériger la sécurité au rang de priorité absolue, une détermination déjà concrétisée par une refonte de la direction du groupe et la création d'une division dédiée.

Autres étapes essentielles à son redressement, BP est arrivé presque à mi-chemin de son programme de cession d'actifs, qui vise à récolter entre 25 et 30 milliards US d'ici la fin 2011. Enfin, BP devrait reprendre début 2011 le paiement de dividendes à ses actionnaires, suspendu en juin sous la pression de la Maison Blanche.

Parallèlement, le groupe poursuit ses démarches en vue de partager les frais de la catastrophe avec ses partenaires japonais Mitsui et américain Anadarko, qui possèdent respectivement 10 et 25% des parts du puits de Macondo.

Mitsui, à qui il a ainsi réclamé 1,9 milliard US, refuse de payer tant que les responsabilités de la catastrophe n'auront pas été clairement établies.

Le groupe fait en effet face à une série de poursuites judiciaires aux États-Unis, dont l'issue déterminera en partie le coût final de la catastrophe et la part revenant à chacun. Dans une enquête interne publiée en septembre, BP avait pointé des «responsabilités partagées» avec plusieurs sous-traitants, notamment le groupe américain de services pétroliers Halliburton.

Les investisseurs ont apprécié ces annonces. Ce matin, l'action du groupe montait de 1,42% à 430 pence, dans un marché londonien en hausse de 1,21%.

Mais, bien que le cours de BP ait regagné plus de 40% par rapport à son plus bas touché fin juin, il reste encore inférieur de 35% à son niveau d'avant la fin avril, et comme le résume Richard Hunter, analyste de la maison de courtage britannique Hargreaves Lansdown, les annonces du groupe «rappellent que les conséquences de la marée noire vont hanter BP pendant encore longtemps».