Le Québec a des surplus d'électricité et il continue de construire de nouvelles centrales hydroélectriques. Doit-il en plus continuer de construire des éoliennes? Absolument, estiment les acteurs de cette industrie, qui proposent d'ajouter 8000 mégawatts d'énergie éolienne aux 4000 mégawatts déjà commandés par Hydro-Québec.

Il ne faut pas envisager les surplus d'électricité comme un problème, estime Jean-François Nolet, porte-parole pour le Québec de l'Association canadienne de l'énergie éolienne.

«C'est plutôt un beau problème. Les surplus peuvent être exportés ou servir à attirer de nouvelles industries aux Québec, explique-t-il. Dans les deux cas, c'est une augmentation de richesse pour le Québec.»

L'appétit pour de l'énergie verte et renouvelable ira croissant, ajoute-t-il, en donnant l'exemple de Google qui vient d'investir dans le secteur éolien afin que ses ordinateurs tournent à l'énergie verte.

Réunis en congrès à Montréal, les membres de l'association ont proposé hier au gouvernement du Québec d'ajouter 800 mégawatts d'énergie éolienne par année pendant 10 ans à son portefeuille énergétique. Ces 8000 mégawatts (soit 4000 tours d'éoliennes de 2 mégawatts chacune) permettraient d'assurer la survie à long terme de la jeune industrie éolienne du Québec.

Si le Québec s'en tient à son objectif de 4000 mégawatts, les efforts consentis pour créer cette industrie en Gaspésie n'auront servi à rien, croit Jean-François Nolet. «Si on ne fait rien, les investisseurs vont aller ailleurs, dit-il. Des marchés, il y en a d'autres.»

Le Québec s'est déjà engagé à acheter 4000 mégawatts d'énergie éolienne d'ici 2015, ce qui donnera une part de 5% à cette forme d'énergie dans son portefeuille énergétique. L'industrie propose de continuer d'investir dans le secteur éolien entre 2016 et 2025 pour porter cette part à 20%.

C'est une proposition «audacieuse et ambitieuse», a répondu la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, qui participait au congrès.

La ministre estime que l'industrie a le mérite de poser la question de la pérennité de l'industrie. «C'est légitime de la part de l'industrie de vouloir savoir à quoi s'en tenir après 2015», a-t-elle précisé au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Sans prendre d'engagement, la ministre a promis de fournir des orientations le plus tôt possible.

«Il faut trouver un équilibre entre les besoins en énergie et la pérennité de l'industrie. Il y a aussi l'enjeu du prix et du coût de production de l'énergie éolienne», a invoqué la ministre.

Hydro-Québec paiera 12,5 cents le kilowattheure pour l'énergie éolienne des futurs projets réservés aux communautés. C'est un peu plus que les 10 cents que coûteront les kilowattheures produits par la future centrale la Romaine, sur la Côte-Nord.

À long terme, le prix de l'énergie éolienne est concurrentiel, assure le porte-parole de l'industrie. Même si le bas prix du gaz naturel permet actuellement de produire de l'électricité pour aussi peu que 5 ou 6 cents le kilowattheure, ça ne durera pas, estime Jean-François Nolet. Le prix du gaz naturel va augmenter lorsque l'économie américaine reprendra du mieux.

Le Québec pourrait profiter d'investissements totalisant 25 milliards de dollars s'il décide de continuer d'investir dans le secteur éolien. Plus de la moitié de cette somme, soit 15 milliards, serait dépensée au Québec, ce qui permettrait de maintenir les 800 actuels dans les usines.

Pour les communautés, les retombées prévues seraient de 48 millions en redevances aux propriétaires de terrains et 22 millions versés aux municipalités.

L'industrie estime que les quelques projets éoliens bloqués par l'opposition du milieu ne doivent pas occulter le «grand succès» qu'a été le développement de cette filière au Québec. Elle rendra public aujourd'hui un bilan des emplois liés au secteur éolien.