Des dirigeants de Shell ont dû faire face à un feu nourri de questions des membres d'une commission parlementaire, mardi, qui les ont invités à justifier leur demande de transformer la raffinerie de Montréal-Est en simple terminal.

Les membres de la commission ont ainsi remis en question l'incapacité déclarée de la direction de Shell de vendre la raffinerie.

La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a rapporté que «bien des Québécois» ne croient pas que Shell a fait tous les efforts requis pour tenter de vendre sa raffinerie plutôt que de la démanteler et de solliciter aujourd'hui des permis pour le faire.

Le directeur de la raffinerie Shell de Montréal-Est, Christian Houle, a pour sa part exprimé ses «regrets» pour les travailleurs touchés, énuméré le nombre d'employés qui seraient admissibles à des prestations de retraite ou à des indemnités de départ, en plus de ceux qui ont pu être mutés dans une autre usine de Shell ou qui suivront une formation de frigoriste, grâce au soutien d'Emploi Québec.

La ministre Normandeau lui a néanmoins répliqué que «c'est bien beau les regrets aujourd'hui, mais la réalité, c'est que vous avez 500 travailleurs sur le carreau».

La députée péquiste de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. «On se sent aujourd'hui floué, berné, dévalisé, a-t-elle lancé aux deux dirigeants présents. Je demeure convaincue qu'il y avait des acheteurs, mais pas aux conditions que vous vouliez vendre.»

Le député de Québec solidaire Amir Khadir, à son tour, a demandé aux dirigeants combien Shell avait dégagé de profits nets au cours des 10 dernières années, combien de dividendes avaient été versés aux actionnaires, combien Shell avait payé d'impôt au Québec et combien Shell avait reçu d'aides gouvernementales de toutes sortes en 75 ans d'affaires au Québec.

M. Houle a refusé de donner des chiffres sur la rentabilité de la raffinerie de Montréal-Est, affirmant qu'il s'agissait là de «données confidentielles». Quant aux autres questions, il transmettra les réponses à la commission parlementaire au cours des prochains jours, s'il ne s'agit pas de données confidentielles, a-t-il précisé.

M. Houle a tant bien que mal expliqué que «la raffinerie Shell ne cadre plus dans la stratégie à long terme de Shell», aux conditions actuelles du marché, répétant que son premier choix aurait été de vendre la raffinerie, plutôt que de la transformer en terminal, mais que Shell n'y est pas parvenu.

Quant au Syndicat des travailleurs de Shell, affilié à la FTQ, il ne lâche toujours pas prise et s'adressera aux membres de la commission parlementaire en milieu d'après-midi.