Les marchés du crédit au Canada ont retrouvé son erre d'aller deux ans après la grave crise financière de l'automne 2008, constatent les dirigeants de l'agence de notation DBRS.

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Mais ce n'est pas le cas dans tous les secteurs d'affaires, en particulier l'industrie forestière et papetière, où le risque de crédit demeure le pire de toute l'économie canadienne.

C'est un constat qui est aussi de mauvais augure quant à l'accès à du capital et du financement à coûts raisonnables pour une industrie dont dépend l'économie de plusieurs régions au Québec et en Ontario.

«Comme analyste de crédit, je demeure très inquiet au sujet des perspectives de l'industrie forestière et papetière au Canada», a indiqué Kam Hon, directeur d'analyse en crédit d'affaires chez DBRS lors d'une présentation hier devant des financiers et investisseurs montréalais.

«Dans le secteur papetier, les producteurs demeurent confrontés à d'importants défis structuraux de leur marché, dont la baisse continue de la demande de l'imprimé face à l'essor des médias électroniques. De plus, de gros producteurs papetiers comme AbitibiBowater ont tardé à rationaliser leurs usines, ce qui maintient toute l'industrie en risque financier élevé», a expliqué M. Hon lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Par ailleurs, dans le secteur du bois d'oeuvre, Kam Hon doute fort d'un redressement prochain de ce marché déjà très amoché par la crise de l'immobilier résidentiel aux États-Unis.

«Le marché du bois d'oeuvre demeure confronté au danger réel d'une double rechute de la construction résidentielle aux États-Unis. En fait, il faudra sans doute attendre encore un an, à la fin de 2011, avant de voir une stabilisation du marché résidentiel américain», selon Kam Hon.

Cela dit, malgré le sérieux bémol envers le secteur forestier, les dirigeants de DBRS dressent un portrait plutôt réconfortant des marchés du crédit au Canada. Dans le crédit à la consommation, par exemple, le taux de délinquance des emprunteurs et, partant, le niveau de pertes à provisionner par les banques se maintiennent à des niveaux raisonnables dans le contexte.

Et très enviables même par rapport à la détérioration qui s'accentue aux États-Unis. «Dans le marché des cartes de crédit, les pertes sur soldes impayés aux États-Unis sont rendus presque deux fois plus élevés qu'au Canada. Et ça n'a pas fini de croître», a souligné Huston Loke, président de DBRS.

Dans le crédit commercial, aussi, l'écart des notations de risque demeure considérable entre des titres de dette au Canada et ceux des États-Unis.

Dans le seul cas des titres adossés à des hypothèques commerciales, ou «commercial mort-gage-backed securities» (CMBS) dans le jargon anglophone, les analystes de DBRS ont fait état d'un taux de défaillance qui se limite à 0,3% au Canada, mais qui s'élève à 8,8% aux États-Unis.

«Un tel écart est vraiment très étonnant. Et il va s'accentuer parce le taux d'échec des CMBS aux États-Unis devrait grimper encore au-delà de 10%», prévoit Huston Loke.

Enfin, dans le secteur bancaire, les cote de risque de crédit attribuables aux «six grandes banques» au Canada devraient continuer de faire l'envie de leurs semblables aux États-Unis et en Europe.