L'annonce d'un prêt pouvant atteindre 1 milliard US de la société fédérale Exportation et Développement Canada (EDC) au géant minier Vale (VALE), d'origine brésilienne, suscite des réactions contradictoires.

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D'une part, les entreprises canadiennes de biens et services au secteur minier s'en réjouissent, y voyant un nouveau potentiel d'affaires avec l'une des plus grosses sociétés minières, implantée au Canada depuis 2006, avec son achat d'Inco.

D'autre part, des groupes de travailleurs syndiqués et de lobbying fiscal dénoncent ce prêt à Vale comme du «bien-être social corporatif» à une entreprise impliquée dans de longs conflits de travail depuis deux ans.

Pour Kevin Gauden, directeur de la Fédération canadienne des contribuables, ce prêt d'un milliard à Vale par la société d'État EDC est «très critiquable».

«Pourquoi prêter de précieux deniers publics à une entreprise qui a déjà autant de capitaux excédentaires? a indiqué M. Gauden.

«Ce prêt à Vale doit être annulé immédiatement. Si un tel bien-être social corporatif créait vraiment des emplois, il y a en aurait deux de disponibles pour chaque Canadien.»

Du côté syndical, le prêt fédéral suscite la grogne en raison de son histoire récente de longs conflits de travail à sa filiale de nickel Inco, acquise pour 19 milliards il y a quatre ans.

Au Labrador, 130 employés de la mine Voisey's Bay sont en conflit de travail depuis des mois. Et en Ontario, un conflit de travail impliquant 3000 employés de Vale Inco a duré un an, jusqu'en juillet dernier.

«C'est inacceptable que le fédéral, après avoir toléré les ravages de Vale dans nos communautés minières, offre maintenant un milliard à cette compagnie immensément profitable», a commenté Ken Neumann, directeur national au Canada du Syndicat des métallurgistes unis.

Mais parmi les fournisseurs de biens et services à l'industrie minière, on anticipe des occasions d'affaires découlant de ce financement fédéral à Vale qui vise, selon l'EDC, à faire croître ses achats au Canada.

C'est le cas de la société d'ingénierie SNC-Lavalin, dont l'importante division de «mines et métallurgie» amorçait l'été dernier un gros contrat dans un projet minier milliardaire de Vale, au Brésil même.

«Vale est un important client de longue date pour nous», souligne Leslie Quinton, porte-parole de SNC-Lavalin au siège social de Montréal.

Du côté de l'Association canadienne des fournisseurs de biens et services miniers, le directeur, Jon Baird, estime aussi que «si les conditions du prêt fédéral à Vale sont adéquates, ça devrait stimuler les débouchés des entreprises d'ici vers d'importants projets à l'étranger.»