La Caisse de dépôt et placement du Québec projette d'augmenter ses investissements dans l'énergie et les minéraux pour profiter de l'essor du secteur des produits de base, a fait savoir Michael Sabia, le PDG de la Caisse.

«Les ressources naturelles, l'énergie, voilà les secteurs où, pensons-nous, s'offrent des occasions d'attaquer en raison de ce que sont les tendances structurelles et en raison de ce que sont nos capacités», a précisé M. Sabia mardi lors d'une entrevue au siège de la Caisse à Montréal.

La Caisse gère des actifs de 135,8 milliards, y compris des participations dans le distributeur de gaz au Québec, Gaz Métro, et Suncor Energy, première société pétrolière au pays. Les actions de compagnies d'énergie et de matières représentaient au 30 juin dernier plus de moitié des titres inscrits dans des Bourses américaines que possédait la Caisse à ce moment-là, soit pour une somme de 11,3 milliards US.

Depuis sa nomination l'an dernier, M. Sabia a resserré les normes en matière de gestion du risque, réduit le recours aux produits dérivés et tourné le dos aux prêts immobiliers qui ont contribué aux pertes de la Caisse en 2009.

Ces initiatives, que M. Sabia a qualifiées de «défensives», ont notamment permis à la Caisse de faire mieux que son indice de référence grâce à un rendement de 2,3% au cours de la première moitié de 2010. Il y a deux ans, la Caisse subissait une perte record de 39,8 milliards, ou 25%.

«La défensive est nécessaire, a dit M. Sabia, mais elle n'est pas suffisante à long terme. Nous avons aussi besoin d'un plan d'attaque.»

Des analystes tels que Daniel Yergin, président de IHS-Cambridge Energy Associates, prédisent que la demande d'énergie bondira de 30% à 40% au cours des deux prochaines décennies à la faveur de l'augmentation des revenus sur les marchés émergents et grâce aussi à l'essor de l'économie mondiale.

«Lorsque le plan Marshall a été lancé après la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une période de croissance de 20 à 25 années dans le domaine des ressources naturelles et des infrastructures et nous croyons que nous sommes exactement au début d'une autre période semblable», a soutenu M. Sabia.

Selon un récent rapport de la Banque mondiale, d'ici 2015, les nations émergentes formeront une plus grande proportion de l'économie mondiale que les pays développés tandis que la classe moyenne dans les pays de l'Asie du Sud-Est et d'Amérique latine croîtra en nombre et grâce à l'augmentation des investissements publics et privés.

«Nous allons assister à une urbanisation massive et à l'émergence d'une très nombreuse classe moyenne dans des pays comme la Chine, le Brésil et la Turquie, a dit M. Sabia. En raison de ce phénomène, croîtra la demande de ressources naturelles, que ce soit le minerai de fer ou le cuivre, ainsi que la demande de produits pour améliorer la productivité de l'agriculture.»