Le nouveau patron du géant pétrolier BP, l'Américain Bob Dudley, a frappé avant même son entrée en fonction en annonçant mercredi des «changements importants» pour redorer l'image de la compagnie britannique, sérieusement ternie par la marée noire du golfe du Mexique.

Officiellement, M. Dudley ne doit s'installer que vendredi, le 1er octobre, dans le fauteuil du Britannique Tony Hayward, poussé vers la sortie cinq mois après l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon. Et la compagnie avait fait savoir qu'«aucun événement particulier» n'était prévu pour l'occasion.

M. Dudley, 55 ans, a en fait devancé l'appel pour révéler qu'il allait immédiatement revoir l'ensemble des procédures de sécurité de BP, au coeur de la polémique sur les causes d'une catastrophe ayant provoqué la pire marée noire de l'histoire des États-Unis.

Une nouvelle division «Sécurité et risques opérationnels» sera donc créée, avec des «pouvoirs étendus» qui lui permettront d'intervenir en permanence sur tous les sites du groupe pétrolier.

Dans la foulée, M. Dudley a renvoyé le responsable de la division Exploration et production, Andy Inglis, dont le manque de réactivité avait été critiqué au moment du drame.

Ces annonces constituent «les premières étapes, les plus urgentes, d'un programme que je mets en place pour rétablir la confiance à l'égard de BP», a affirmé dans un communiqué le nouveau directeur général. Qui vise large puisqu'il veut reconquérir «le coeur des consommateurs, des gouvernements, de nos employés et du monde en général».

Son objectif ultime est clair: «restaurer la valeur» de l'action BP.

Le chemin est encore long. Même si la compagnie est remontée des enfers boursiers où elle était descendue en juin, lorsque sa valeur s'était effondrée de moitié en deux mois, son cours reste de 37% inférieur à ce qu'il était avant l'explosion de la plateforme le 22 avril.

Il a refait un peu de son retard mercredi en grimpant de 3% après les déclarations de M. Dudley, qui ont plu au marché.

Même malmené, BP reste le 7e groupe pétrolier mondial par sa valeur boursière, devant le français Total, et plus personne n'évoque l'hypothèse, un temps envisagée, d'un rachat par un concurrent appâté par une proie bon marché.

Certains analystes s'attendent à ce que le prochain chambardement porte sur l'équipe chargée des relations publiques, en particulier aux États-Unis où la cote d'amour de BP est au plus bas.

La nationalité américaine de M. Dudley, dont le léger accent du sud devrait séduire ses concitoyens, fait partie des atouts avancés lors de sa désignation. Car, même si la fuite de pétrole est aujourd'hui stoppée, c'est encore aux États-Unis que se joue une grande partie de l'avenir de BP.

Les poursuites judiciaires -et les dizaines de milliards de dollars en jeu- planent comme une épée de Damoclès au dessus de la compagnie qui devra attendre des années pour lever cette hypothèque.

A court terme, M. Dudley devra convaincre les élus américains de laisser sa compagnie reprendre ses forages dans le golfe du Mexique où elle exploite une vingtaine de puits.

Mais les experts ne croient pas à un désengagement de BP des États-Unis, où elle extrait plus du quart de sa production et représente plus de 20.000 emplois.

M. Dudley doit pourtant trouver 30 milliards de dollars d'actifs à vendre pour faire face à la facture finale de la marée noire. BP pourrait se délester de raffineries, mais elle peut aussi vendre à bon prix à certaines de ses filiales, comme à la russe TNK-BP qui a montré la voie en lui rachetant cette semaine une partie de ses actifs au Vietnam.