Le troisième actionnaire en importance de Potash Corp. of Saskatchewan Inc. (T.POT) préférerait que le Canada bloque l'offre de 130$US l'action présentée par BHP Billiton Ltd. parce que le prix est trop bas et parce qu'une transaction rendrait plus difficile son travail de gestionnaire de fonds.

PotashCorp, premier producteur mondial de potasse, a intenté avant-hier une poursuite contre BHP à propos de son offre de 40 milliards US, arguant que la société australienne avait cherché à pousser le prix de l'action de PotashCorp à la baisse avant sa proposition du 17 août dernier. Si le projet de BHP se réalisait, PotashCorp se joindrait ainsi aux sociétés minières et de métaux canadiennes acquises par des concurrents étrangers au cours des quatre dernières années.

«Le prix de 130$US est-il un excellent prix? Non», répond à sa question Stephen Jarislowsky, PDG de Jarislowsky Fraser Ltd., troisième actionnaire de PotashCorp. «Est-ce une bonne chose pour le Canada? Non», ajoute-t-il.

Les rachats et fusions ont réduit les options de placement des investisseurs tels que M. Jarislowsky, 85 ans, dont la société montréalaise gère des actifs d'environ 44 milliards CAN pour des caisses de retraite et des investisseurs privés. Au 30 juin dernier, l'entreprise possédait 8,82 millions d'actions de PotashCorp.

«Je préférerais que le gouvernement dise: 'Vous ne ferez pas cela', parce que, pour moi, si vous investissez dans des actions canadiennes et qu'il n'en reste plus pour investir, le marché n'est pas complet», explique M. Jarislowsky. Celui-ci ajoute: «Les caisses de retraite doivent avoir un portefeuille diversifié en actions canadiennes lorsque leurs obligations sont en dollars canadiens.»

BHP, plus importante société minière du monde, a promis que le siège de ses activités dans le secteur de la potasse serait en Saskatchewan si son projet de rachat se concrétisait. L'entreprise australienne a également annoncé qu'elle continuera de développer son projet de potasse Jansen en Saskatchewan, ajoutant qu'elle maintiendrait les niveaux actuels d'emploi tout en proposant un candidat canadien aux fins d'une élection au sein de son conseil d'administration.

Poursuite

Au sujet de la poursuite intentée par PotashCorp, «il s'agit d'un mécanisme défensif, mais aussi d'un outil offensif parce qu'elle vise à démontrer pourquoi l'action est relativement peu chère en tant que telle, sans un contexte de transaction», soutient Louis Meyer, analyste d'Oscar Gruss&Son Inc., à New York. «La stratégie s'inspire du principe que la meilleure défense est une bonne attaque», ajoute-t-il.

Les actions américaines de PotashCorp ont bondi de 30% depuis le 16 août, dernier jour de transaction en Bourse avant que BHP fasse son offre, et elles s'échangent à un prix plus élevé que celui de l'offre, ce qui indique que les investisseurs s'attendent à une proposition plus élevée. «Quel avantage BHP apporte-t-il à ces mines de potasse? Aucun», lance M. Jarislowsky. «Du point de vue du pays, ajoute-t-il, c'est énormément négatif. Je ne sais pas à quoi pensent ces gouvernements.»

«S'il n'y a pas de meilleure offre, je pourrais accepter celle-ci parce que je suis un fiduciaire pour mes clients, dit M. Jarislowsky.»