Les professionnels européens du textile ont déclaré mercredi qu'ils souhaitaient demander à leurs clients distributeurs un prix plus élevé, «juste et plus adapté pour permettre au textile de survivre», dans un contexte marqué par les cours record du coton.

«Nous souhaitons que la hausse des prix (du coton) soit répercutée», a déclaré Benoît Hacot, président d'Eurocoton, le comité des industries du coton et fibres connexes de l'Union européenne, au cours d'une conférence de presse organisée en marge du salon des tissus d'habillement Première Vision.

Les prix du coton ont atteint leur plus haut niveau en 15 ans lundi à la Bourse des matières premières de New York, en raison de l'extrême faiblesse de l'offre actuellement sur le marché tandis que la demande ne cesse de progresser.

«Nous demandons un prix juste, et le plus adapté pour permettre au textile de survivre, a ajouté M. Hacot, poursuivant: nous n'avons aucune envie d'augmenter les prix, mais c'est une question de survie.»

«Ce que nous craignons, c'est qu'il y ait à l'arrivée des augmentations de 5 ou 10 euros pour le client final sur un pantalon à 95 ou 100 euros», alors que l'augmentation des cours du coton revient à une hausse d'environ 35 centimes sur le prix du tissu (environ 3 à 5 euros pour 1,5 m de tissu avant la confection), a ajouté de son côté Jean-François Gribomont, vice-président de Fedustria, la fédération belge du textile et de l'ameublement.

«Les sociétés européennes ont même des problèmes d'accès à la matière première», a aussi regretté M. Gribomont, citant les politiques menées par l'Inde ou le Pakistan pour conserver leur coton pour leur propre production ou l'exemple de la Chine qui «vampirise» la production américaine.

«Il faut protéger les consommateurs d'un monopole qui se créerait demain», a abondé Lucien Deveaux, président de l'Union des industries textiles, rappelant que la Chine, l'Inde et le Pakistan représentaient quelque 66% de la production mondiale de coton.

MM. Deveaux, Gribomont et Hacot ont également dénoncé les mesures envisagées au niveau européen pour aider le Pakistan après les récentes inondations. À l'étude notamment: la suspension temporaire des droits de douane de l'UE à l'importation sur 13 types de produits textiles, en coton notamment.

«Il ne faut pas qu'on nous étrangle définitivement», a conclu M. Deveaux.