Talisman (T.TLM), plus important acteur québécois du gaz de schiste, affirme qu'il y a plusieurs obstacles à l'exploitation de cette ressource au Québec, même si les perspectives sont prometteuses.

«Il faudrait que le coût des forages diminue de moitié avant qu'on pense même considérer que le gisement d'Utica approche d'une rentabilité comparable à celle du shale de Marcellus (en Pennsylvanie)», a affirmé Scott Sobie, vice-président de l'exploration pour l'Amérique du Nord chez Talisman. Il manque aussi toute une industrie de services, pouvant miser sur une main-d'oeuvre qualifiée. Il faudrait aussi un appareil bureaucratique capable de délivrer à la chaîne les permis de forage et les baux d'exploitation.

«On est ici parce qu'on pense que cela peut se produire», a précisé M. Sobie.

Talisman détient des droits d'exploration sur plus de 3000 kilomètres carrés, au sud du Saint-Laurent, entre Québec et la vallée du Richelieu.

De son siège social à Calgary, Talisman dépense 4 ou 5 milliards de dollars par année en frais d'exploration et d'exploitation. Elle s'est concentrée dans le gaz non conventionnel en Amérique du Nord, mais conserve ses intérêts dans le secteur pétrolier ailleurs dans le monde.

L'entreprise a foré quatre puits horizontaux au Québec en 2010. Mais il faudra d'autres forages avant de déterminer la valeur commerciale du gisement.

En attendant, M. Sobie affirme qu'il est trompeur de faire des comparaisons entre le Québec et le régime d'octroi des permis en Colombie-Britannique. Ce dernier rapporte des centaines de millions au Trésor public, alors que le régime québécois ne rapporte à peu près rien.

«Il y a de l'exploitation gazière en Colombie-Britannique depuis plus de 30 ans, dit M. Sobie. Même s'il y avait un système d'enchères au Québec, les entreprises miseraient selon leur propre évaluation du potentiel et, actuellement, cette évaluation est très basse.»

Selon un analyste financier qui suit ce secteur, les transactions entre entreprises qui cèdent leur droit d'exploration sur le gisement québécois d'Utica se font à 1000$ ou 1500$ l'acre, ou environ 2500$ par hectare.

Au Québec, les entreprises payent un loyer variant de 10 à 50 cents l'hectare au gouvernement.

Dans les gisements déjà en exploitation, comme en Pennsylvanie, les transactions dépassent les 10 000$ l'acre, ou 25 000$ l'hectare. En Colombie-Britannique, les enchères sur les permis d'exploration rapportent entre 1000$ et 10 000$ l'hectare.

Comme Junex, Talisman rejette l'idée d'un moratoire sur le secteur, en attendant la mise en place d'un cadre réglementaire, promis pour le printemps.