En plein débat sur les risques associés au développement du gaz de schiste au Québec, le grand patron Royal Dutch Shell est venu dire hier à Montréal que cette forme d'énergie est l'avenir de l'humanité.





«Si on permet son développement, l'industrie du gaz naturel a la capacité de changer pour le mieux le paysage énergétique mondial», a soutenu hier le grand patron Royal Dutch Shell, Peter Voser, au Congrès mondial de l'énergie.



Le chef de la direction de ce qu'on considère comme un géant du pétrole a parlé uniquement de gaz au cours de son intervention. Le pétrole compte encore pour 52% des activités de Shell, comparativement à 48% pour le gaz naturel, mais les proportions vont s'inverser, a indiqué Peter Voser au cours d'une rencontre avec la presse.

Shell, qui a fermé sa raffinerie de Montréal et se retire progressivement de ce type d'activité, investit massivement dans l'exploitation de gaz non conventionnel. L'entreprise est active en Colombie-Britannique et a fait récemment une entrée remarquée dans la production de gaz de schiste dans le nord-est des États-Unis en avalant pour 4 milliards US une petite entreprise active dans le gisement baptisé Marcellus.

C'est une formation géologique du même type qui est actuellement explorée au Québec et qui pourrait être mise en production. Shell s'intéresse à ce qui se passe au Québec, a dit son grand patron, mais il n'a pas voulu être plus précis.

«Si des occasions se présentent, nous allons certainement les examiner», s'est-il contenté de dire.

Peter Voser, Suisse d'origine, dit comprendre les inquiétudes de la population au sujet de l'impact environnemental de l'exploitation des gaz de schiste. Il estime qu'il est possible d'apaiser cette inquiétude, mais peut-être pas de l'éliminer.

«Qu'on aime ça ou non, la production d'énergie et sa distribution à des milliards de consommateurs dans le monde ne se font pas sans risque», a-t-il dit.

Qu'il provienne des gisements conventionnels ou des schistes, le gaz naturel est la source d'énergie la moins chère pour produire de l'électricité propre, selon lui. Les centrales au gaz naturel émettent de 40 à 70% moins de CO2 que les centrales au charbon, a rappelé Peter Voser.

Shell prévoit que la demande de gaz augmentera deux fois plus vite que la demande de pétrole au cours des deux prochaines décennies. Ce n'est qu'une question de temps avant que le gaz naturel alimente les avions commerciaux et les voitures, selon l'entreprise.

Avec les gisements de gaz de schiste, le monde a maintenant des réserves suffisantes pour les 250 prochaines années, au rythme actuel de production, a souligné le grand patron de Shell.

Pétrole, toujours

La renaissance de l'industrie du gaz naturel n'inquiète pas le plus gros producteur de pétrole du monde, l'Arabie Saoudite. Le président et chef de la direction de Saudi Arabian Oil Co., ou Aramco, Khalid Al-Falih, a soutenu de son côté que les énergies fossiles, en particulier le charbon, le pétrole et le gaz, resteront les principales sources d'énergie dans le monde pour encore très longtemps.

«Même si la part des énergies fossiles dans le portefeuille énergétique mondiale déclinera à long terme, la quantité totale d'énergie provenant du charbon, du pétrole et du gaz va continuer de croître simplement parce que la demande totale d'énergie augmentera considérablement», a-t-il dit.

Khalid Al-Falih a souligné une statistique étonnante sur la consommation de charbon, qui a crû trois fois plus vite que celle du pétrole au cours de la dernière décennie. «Ce qui me frappe, c'est que l'accélération de la demande de charbon survient au moment où on s'inquiète des changements climatiques et que le réchauffement de la planète est devenu une préoccupation partout dans le monde», a dit le dirigeant de l'Aramco.

Selon lui, l'augmentation de la consommation de charbon illustre bien les contradictions qui existent entre les objectifs qu'on peut se fixer et la réalité. L'Aramco dit détenir des réserves de 260 milliards de barils de pétrole, soit assez pour 80 années au rythme actuel de production.

 

UN GRAND ABSENT

Ils sont tous là, les géants de l'industrie du pétrole, à la notable exception de BP. L'entreprise britannique, qui panse ses plaies à la suite du désastre qui a suivi l'explosion de sa plateforme de forage dans le golfe du Mexique, n'est pas à Montréal. BP a été invitée, mais n'a pas envoyé de représentant, a fait savoir hier un porte-parole de l'organisation du congrès.

QUI DIT MIEUX!

Il y a plus de 4000 participants au congrès mondial de l'énergie qui se tient actuellement au Palais des Congrès de Montréal, mais leur emploi du temps est chargé. Pour les attirer, les exposants qui tiennent un stand dans le hall adjacent aux salles de conférence doivent rivaliser d'astuces. En plus des canapés, petites bouchées et souvenirs de toutes sortes, certains ont mis le paquet. Le champagne coulait à flots au stand de l'entreprise russe Gazprom et la firme d'ingénierie Hatch offrait à ses visiteurs une chance de gagner quatre iPad et une bicyclette électrique