AbitibiBowater ferme définitivement deux usines de papier québécoises qui employaient autrefois quelque 570 travailleurs.

Le géant du papier journal, qui se trouve sous la protection de la cour contre ses créanciers depuis plus d'un an, a indiqué hier que les installations de Dolbeau et de Gatineau ne feraient pas partie de ses activités au terme de la restructuration prévue cet automne.

«Cela s'inscrit dans le cadre de nos efforts de restructuration et l'objectif est de donner aux créanciers et à la cour le portrait le plus juste possible de ce dont l'entreprise aura l'air lorsqu'elle émergera (de la protection de la cour)», a expliqué le porte-parole Pierre Choquette, lors d'un entretien.

La production à l'usine de Dolbeau avait été interrompue en juin 2009, tandis que celle de Gatineau avait été immobilisée en avril. Les deux installations comptaient 240 et 330 employés respectivement.

Selon M. Choquette, la société montréalaise n'a pas encore pris de décision quant à une vente ou un démantèlement des sites, et elle attend les conclusions d'études locales sur les utilisations alternatives qui pourraient en être faites.

AbitibiBowater a accordé un appui financier à l'étude réalisée à Gatineau.

«Nous avons indiqué aux gens de Gatineau que nous étions prêts à attendre les conclusions de cette étude avant de prendre toute autre décision», a-t-il expliqué.

D'autres usines fermées ont été vendues à une société de rebuts de métal pour être démantelées, après qu'Abitibi eut conclu qu'elle ne pouvait plus les utiliser pour produire du papier.

Au même moment, AbitibiBowater a indiqué avoir reçu 130 millions de dollars du gouvernement fédéral dans le cadre d'un règlement pour l'expropriation de ses actifs à Terre-Neuve-et-Labrador.

Le géant de la foresterie réclamait 500 millions en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), pour ce qu'elle estimait être une saisie illégale de certains de ses actifs dans la province maritime. Ottawa a précisé que la société recevra le paiement de 130 millions une fois sa restructuration terminée.

AbitibiBowater s'est placée sous la protection de la cour contre ses créanciers au Canada et aux États-Unis en avril 2009. Elle espère en émerger sous la forme d'un producteur à plus faibles coûts à la mi-octobre, après avoir réduit sa capacité de production pour s'ajuster à la baisse de la demande pour le papier journal.

Le syndicat représentant les travailleurs des usines fermées s'est dit «déçu et désolé» de la décision de la compagnie de fermer de façon permanente les deux sites.

Le vice-président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier au Québec, Renaud Gagné, a indiqué que le syndicat comprenait bien l'intérêt financier pour la compagnie de procéder de cette manière, puisque comme AbitibiBowater est protégée par la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, les indemnités de licenciement sont traitées différemment que si la compagnie était libérée de ce processus.

«Mais c'est assez scandaleux pour les travailleurs. Ce sont toujours eux, au bout du compte, qui paient le gros prix car ils ne recevront qu'une partie des sommes dues», a affirmé M. Gagné dans un communiqué.