Maintenir les prix du baril dans une fourchette comprise entre 70$ et 80$ satisfait les pays producteurs, mais pourrait plomber la demande énergétique et peser sur la reprise économique mondiale, a estimé lundi le cabinet CGES dans son rapport mensuel.

«Pour le moment, l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) est en position de maintenir les prix du pétrole au niveau qu'elle souhaite» et qui correspond au niveau actuel du marché, «mais cela représente un coût», a averti le Centre for Global Energy Studies (CGES).

«Ce coût, c'est que la reprise de l'économie mondiale s'opérera à un rythme plus lent, et que le marché du pétrole se développera moins rapidement que cela n'aurait été le cas avec des prix (du brut) plus modérés», a estimé ce cabinet, fondé à Londres par l'ancien ministre saoudien du Pétrole, cheikh Zaki Yamani.

Les inquiétudes sur un possible ralentissement de la croissance économique, qui pèserait sur les perspectives de la demande mondiale de pétrole au deuxième semestre 2010, se sont avivées ces dernières semaines, rappelle le CGES.

À part un éphémère passage au-dessus du seuil des 80$ début août, les prix du pétrole évoluent depuis avril dans une fourchette étroite comprise entre 70$ et 80$, un niveau que le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri avait jugé «satisfaisant» fin juin.

«Les cours ne montrent aucun signe de franchissement décisif de cette fourchette, que ce soit à la baisse ou à la hausse, et les fondamentaux du marché (offre et demande, ndlr) ne fournissent aucune indication que le marché prendrait en compte», a commenté le rapport du CGES.

«En conséquence, les prix fluctuent au gré des informations et des impressions changeantes sur la vigueur de la reprise économique mondiale et sur ce que cela pourrait représenter pour la future demande pétrolière», poursuit-il.

Selon le cabinet, «des prix entre 70 et 80 dollars sont confortables pour les pays producteurs, et également pour l'industrie pétrolière, qui se trouve capable de s'engager dans de nouveaux projets complexes qui compenseront un recul (de la production) sur les champs plus anciens».

«Ce niveau de prix apparaît également acceptable pour les gouvernements des principaux pays consommateurs, dans la mesure où ces prix élevés les aident à réaliser leurs objectifs environnementaux», ajoute le CGES.

En revanche, conclut le rapport, «le seul groupe pour lequel de tels prix ne conviennent pas, ce sont les consommateurs eux-mêmes, individus et entreprises, qui sont contraints d'acheter de quoi chauffer leurs maisons, faire tourner leurs appareils, rouler leurs véhicules et marcher leurs usines».