Les sociétés minières pourront à leur guise continuer leur travaux d'exploration de l'uranium en territoire québécois, a tranché mardi le ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard.

Le ministre a ainsi servi une autre rebuffade aux militants de la coalition Sept-Iles sans uranium, qui campent devant l'Assemblée nationale depuis lundi.

Imposer un moratoire sur l'exploration du minerai et son éventuel extraction seraient «hasardeux» pour l'économie québécoise, a expliqué M. Simard.

«Il n'y aura pas de moratoire. Le gouvernement n'est pas en faveur (d'un moratoire) et la raison est que ce serait peut-être hasardeux économiquement», a-t-il dit en marge de l'étude du projet de loi 79 modifiant le régime minier.

Le ministre estime que les opposants à l'exploitation de l'uranium, dont les médecins de Sept-Iles qui menacent de démissionner en bloc pour protester contre l'exploration du minerai dans la région, sont «peut-être mal informés».

Il est possible de prélever l'uranium de façon sécuritaire, a soutenu le ministre, qui a néanmoins admis que des risques sont associés à l'exploitation de cet élément radioactif.

«Vous comprendrez que le ministre sait que l'uranium, ce n'est pas des fraises. Il faut bien comprendre qu'il y a une façon d'opérer une mine d'uranium (et que) c'est régi par des règles très strictes», a dit M. Simard.

Le gouvernement, a-t-il continué, n'autorisera jamais un projet qui compromettrait la santé humaine ou la qualité de l'environnement.

«Ce qui est important pour nous c'est l'économie mais ce qui est important également c'est la santé publique. On ne prendra jamais une décision mettant en péril la santé publique et l'environnement», a martelé le député de Dubuc.

De son côté, Yvan Loubier, l'ancien politicien bloquiste passé à la solde du lobby minier, croit lui aussi que la population est «mal informée» au sujet de l'uranium.

En matinée, devant les journalistes, l'ex-député a reproché aux opposants de se comporter en «bonhommes sept heures» sur la foi d'informations erronées ou obsolètes.

«Il n'y a pas de danger, c'est sécuritaire, nous ne sommes plus dans les années 1930 lorsqu'on venait de découvrir les rayons X», a illustré M. Loubier, qui agit comme porte-parole d'Uracan, une société qui fait de l'exploration en Minganie.

«Il y a extraction de l'uranium depuis 60 ans en Saskatchewan et tous les rapports concluent la même chose (...) Les mineurs et la population environnante sont en aussi bonne santé qu'ailleurs au Canada», a-t-il ajouté.

Qui plus est, à 0,02 pour cent, l'uranium prélevé au Québec est nettement moins concentré qu'en Saskatchewan, a fait remarquer M. Loubier, brandissant une pierre de surface trouvée en Minganie contenant une trace de l'élément controversé.

D'après le porte-parole d'Uracan, la Côte-Nord sera privée de plus de 400 emplois à long terme si elle laisse passer l'occasion d'exploiter le métal destiné à alimenter les centrales nucléaires.

Mais les arguments soulevés par l'industrie et par le ministre Serge Simard laissent de glace le porte-parole de Sept-Iles sans uranium, Marc Fafard.

«Disons que le lobby des mines a une bonne main sur notre gouvernement», a dénoncé M. Fafard, en point de presse.

Le ministre a beau répéter son opposition à un moratoire, il n'aura d'autre choix que de reculer si la population lui commande de le faire, a-t-il ajouté.

À l'exemple de la France et des provinces comme le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique, le Québec doit empêcher l'industrie uranifère de souiller son territoire, a résumé M. Fafard.