Pour la première fois en sept ans, les Québécois ne subiront pas d'augmentation de leurs tarifs d'électricité le 1er avril prochain. Hydro-Québec vient en effet d'aviser la Régie de l'énergie qu'elle n'avait pas besoin de hausse pour 2011-2012.







Ce répit s'explique par les surplus d'électricité qui s'accumulent et parce que l'entreprise augmente son efficacité et réduit ses coûts, a expliqué hier le porte-parole d'Hydro-Québec, Guy l'Italien.



Québec, qui pensait avoir trop d'électricité pour satisfaire les besoins des Québécois jusqu'en 2020, estime maintenant qu'elle aura des surplus jusqu'en 2022 inclusivement.

Est-ce à dire que ce répit tarifaire pourrait durer encore quelques années? Les consommateurs d'électricité, petits et grands, l'espèrent bien.

À cause de ses surplus, Hydro ne peut plus justifier des hausses de tarifs par l'achat de nouveaux approvisionnements à des prix plus élevés. «L'an dernier, la hausse demandée était justifiée par un changement de normes comptables, ce qui était déjà inacceptable», rappelle Luc Boulanger, porte-parole des grands consommateurs industriels d'électricité. Sans ce changement aux règles comptables, les consommateurs québécois auraient eu droit à une baisse de leurs tarifs d'électricité l'an dernier.

La décision d'Hydro de se passer d'augmentation cette année n'est donc pas une surprise pour Luc Boulanger. «Ça vient confirmer qu'on avait bien évalué la situation l'an dernier», dit-il.

Les petits consommateurs ne sont pas surpris non plus. «C'est une démonstration éloquente qu'avec les tarifs actuels, Hydro-Québec peut faire des profits plus que raisonnables», souligne Charles Tanguay, de l'Union des consommateurs. La société d'État a encaissé des profits de plus de 3 milliards l'an dernier.

Plusieurs soupçonnent Hydro de demander plus à la Régie pour obtenir un peu moins, soit l'augmentation qu'elle souhaite en réalité. Cette fois, étant donné que la société d'État ne demande rien, cela peut vouloir dire que les tarifs pourraient baisser.

Les arguments d'Hydro-Québec seront donc examinés attentivement au cours des audiences publiques qui auront lieu l'automne prochain. «S'il y a de la place pour une baisse, on va la réclamer», promet le porte-parole des grandes entreprises.

Hausse en 2014

Comme Hydro-Québec est à court d'arguments pour justifier des hausses de tarifs devant la Régie, le gouvernement, qui a besoin d'argent pour rétablir ses finances, a dû se résoudre à dégeler le prix du bloc patrimonial d'électricité, fixé à 2,79 cents le kilowattheure depuis 2000.



Surprise, Hydro-Québec ne demande pas de hausse



 

Ce tarif, qui s'applique aux premiers 165 milliards de kilowattheures consommés en premier au Québec, augmentera de 1 cent entre 2014 et 2018 et son prix sera par la suite ajusté au taux d'inflation.

Cette augmentation signifie une hausse de 3,7% par année de la facture des consommateurs québécois, à l'exception des alumineries et des autres grandes entreprises énergivores, qui en sont exemptées.

Le gouvernement a aussi demandé à ses sociétés d'État, dont Hydro-Québec, d'éliminer les primes et de faire un effort pour réduire leurs coûts d'exploitation. Dans les documents qu'elle vient de déposer à la Régie, la division Distribution d'Hydro-Québec soutient avoir fait sa part en augmentant le salaire de base de ses cadres de 0,5% et en réduisant leur rémunération incitative de 30%. La division économisera ainsi 2 millions.

Si la Régie accepte les explications d'Hydro-Québec, les tarifs d'électricité resteront à leur niveau actuel au moins jusqu'au 31 mars 2012. Depuis la fin du gel des tarifs qui a duré cinq ans, de 1999 à 2003, la facture d'électricité des Québécois a augmenté de 18,6%.