Le groupe pétrolier américain Chevron (CVX) a annoncé vendredi un bénéfice multiplié par trois au deuxième trimestre, mais s'inquiète pour sa production dans le Golfe du Mexique, menacée par le moratoire aux Etats-Unis sur le forage en eaux profondes.

«Nous nous attendons à une perte de production en 2010 à cause du moratoire» mis en place par l'administration Obama, mais elle devrait être «inférieure à 10 000 barils par jour», a indiqué George Kirkland, l'un des dirigeants du groupe, lors d'une conférence téléphonique.

«Trois puits en eaux profondes sont concernés, dont deux sont en attente et un entre dans le cadre d'un contrat avec BP» pour l'aider dans la lutte contre la marée noire, la plus importante de l'histoire américaine, a détaillé le groupe.

Il n'y aura «pas de fermeture d'installations de production», mais le moratoire retarde les projets déjà en cours, ajoute Chevron. S'il se prolonge au-delà du mois de novembre, il aura notamment un fort impact sur des projets «importants».

Le moratoire court pour l'instant jusqu'au 30 novembre. Au-delà, il va «réduire l'approvisionnement et pousser à la hausse les prix de l'énergie», a averti M. Kirkland.

«Nous estimons que le moratoire devrait être levé», a conclu M. Kirkland, d'autant plus que selon lui, l'enquête sur le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon «devrait montrer qu'elle était évitable».

Jeudi le numéro un américain ExxonMobil avait minimisé l'impact du moratoire sur ses activités mais Royal Dutch Shell avait annoncé qu'il avait dû fermer son tout nouveau champ Perdido pour se conformer au moratoire et immobiliser sept installations de forage dans le Golfe du Mexique, avec un coût de 56 millions de dollars sur le trimestre.

Quant au projet de relèvement de la limite de la responsabilité financière des groupes pétroliers en cas de marée noire, M. Kirkland a affirmé qu'il n'aurait qu'un impact limité sur les grands groupes comme Chevron, mais qu'il risquait de nuire aux plus petites entreprises et donc à la concurrence.

«ExxonMobil, Shell, Chevron, Total... Ils ont tous de gros projets dans le Golfe du Mexique qui devaient démarrer» en eaux profondes dans le Golfe, a commenté Christine Tiscareno, analyste de Standard and Poor's, interrogée par l'AFP.

«Ils doivent payer pour des installations immobilisées et ont dû passer des dépréciations», ajoute-t-elle, soulignant que l'Agence internationale de l'Energie prévoit une perte de production torale de 82 000 barils par jour si le moratoire est étendu après le mois de novembre.

Pour autant, «ce sont de très grandes entreprises capables de supporter ce surcoût» et c'est pourquoi elles n'annoncent pas d'impact sur leurs résultats globaux, a conclu Mme Tiscareno.

Chevron a vu son bénéfice net part du groupe multiplié par trois au deuxième trimestre à 5,4 milliards de dollars US, soit 2,70$ US par action, mieux qu'attendu.

Le chiffre d'affaires s'est établi à 51,1 milliards US, en hausse de 29% sur un an mais inférieur aux prévisions des analystes.

Le résultat de la division exploration-production a triplé grâce aux prix nettement plus élevés qu'il y a un an du pétrole et du gaz naturel.

La production en équivalent pétrole s'est élevée à 2,75 millions de barils par jour, en hausse de 3% sur un an, principalement grâce à la production de nouveaux sites aux Etats-Unis et au Brésil et à l'expansion des capacités du champs pétrolier de Tengiz, au Kazakhstan.

La tempête tropicale Alex a réduit la production des activités du Golfe du Mexique de 20 000 barils par jour en moyenne sur le trimestre.

Enfin, la division de raffinage et distribution a dégagé un bénéfice de 975 millions US, multiplié par sept sur un an, grâce au bond des marges de raffinage.