Le groupe pétrolier britannique BP a entretenu le suspense lundi sur le départ de son patron Tony Hayward, honni aux Etats-Unis après la marée noire dans le golfe du Mexique, mais son sort paraissait néanmoins scellé, seule la question de ses indemnités semblant encore faire débat.

La presse assure depuis ce week-end que M. Hayward va quitter le groupe. BP a «noté» ces spéculations, lundi dans un communiqué, tout en assurant «qu'aucune décision définitive n'a été prise».

Un conseil d'administration s'est tenu dans l'après-midi. Selon le rédacteur en chef économique de la chaîne SkyNews, Mark Kleinman, il a été décidé que M. Hayward partirait, mais pas avant le mois d'octobre, et prendrait une fonction d'administrateur non-exécutif au conseil d'administration de la coentreprise de BP en Russie, TNK-BP.

La presse assure aussi que M. Hayward sera remplacé par Bob Dudley, le Monsieur Marée Noire du groupe depuis fin juin, dirigeant expérimenté et respecté de BP, mais surtout un Américain originaire du Mississippi, l'une des régions affectées par la pollution.

L'avenir de la direction de BP doit être annoncé mardi en même temps qu'une perte trimestrielle prévue comme la plus énorme de l'histoire des sociétés britanniques, de l'ordre d'une quinzaine de milliards de dollars. Le confortable bénéfice, d'environ 5 milliards de dollars, sera en effet anéanti par des provisions massives pour les charges encourues dans le cadre de la marée noire.

La Maison-Blanche a averti que la décision de changer de PDG n'exonérerait en aucun cas BP de ses obligations liées à la lutte contre la pire catastrophe écologique des Etats-Unis.

«Le PDG de BP (...) s'il décide de partir, c'est une chose», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs.

«Ce qui est clair, c'est que BP ne peut pas, ne devrait pas, et ne quittera pas le Golfe sans répondre de sa responsabilité de reboucher le puits, de nettoyer les dégâts qui ont été provoqués et d'indemniser les victimes», a ajouté M. Gibbs.

Les ultimes discussions pourraient porter sur l'indemnité de départ que touchera M. Hayward, qui, quel que soit son montant, risque de toute façon d'être vue comme excessive outre-Atlantique.

Normalement M. Hayward a droit à un an de salaire (hors bonus), soit environ un million de livres (1,2 million d'euros), et aux droits à la retraite accumulés en cours de carrière, qui s'élèvent à 10,8 millions de livres, permettant un versement annuel de 584 000 livres à partir de 60 ans.

Les statuts de BP précisent cependant que les indemnités de départ peuvent être réduites «quand cela est approprié».

M. Hayward est «un homme mort depuis qu'il a raconté qu'il voulait retrouver sa vie d'avant» à la chaîne américaine NBC, constatait James Hughes de CMC Markets, faisant allusion à l'une des gaffes du dirigeant qui lui ont valu l'inimitié de l'ensemble des Américains.

Pour BP, ajoutait M. Hughes, «commence la tâche non seulement de nettoyer la zone du Golfe affectée, mais, ce qui est beaucoup plus ardu, de nettoyer la réputation de la compagnie».

Lundi, le groupe pétrolier espérait remettre prochainement en route ses foreuses pour achever les puits de secours qui devraient permettre d'arrêter définitivement la fuite. Les travaux avaient cessé pendant la tempête Bonnie.

L'amiral Thad Allen, responsable de la lutte contre la marée noire pour l'administration américaine, a indiqué que les opérations finales commenceraient d'ici une semaine, une fois que les ingénieurs auront terminé le coffrage des puits de secours.

Si tout se déroule comme prévu, les travaux devraient s'achever la deuxième semaine d'août. Par la suite, «la côte pourrait être touchée pendant encore quatre à six semaines», a prévenu Thad Allen.