Malgré le refus de Shell de vendre sa raffinerie de Montréal-Est au seul acheteur qui s'est montré intéressé, le syndicat qui représente les 500 employés ne se tient pas pour battu. Il vient d'obtenir une injonction qui force Shell à interrompre les travaux de démantèlement de ses installations.

L'injonction a été accordée en vertu de l'article 15 de la Loi sur les produits pétroliers, qui oblige l'entreprise à obtenir la permission du ministre des Ressources naturelles pour démolir des installations pétrolières. Shell a demandé cette permission en avril, mais elle ne l'a pas encore obtenue, à cause des négociations qui ont suivi avec des acheteurs intéressés à racheter ses installations.

Le président du syndicat, Jean-Claude Rocheleau, s'est réjoui du jugement rendu hier, qui permet de maintenir les équipements fonctionnels.

«Il est essentiel de garder les équipements en bonne condition tant que nous n'aurons pas obtenu de réponses satisfaisantes à nos questions sur les offres d'achat présentées à Shell au cours des dernières semaines», a-t-il commenté.

L'injonction est valide jusqu'au 16 juillet et permettra de préserver l'équipement au moins jusqu'à ce que les dirigeants de Shell viennent s'expliquer devant le comité parlementaire fédéral qui sera convoqué sous peu pour les entendre.

Le syndicat a déposé une demande d'injonction lundi après-midi, après que la direction de la raffinerie eut demandé à deux employés de percer des trous dans une conduite, ce qui l'aurait rendue inutilisable.

Selon Shell, l'acheteur intéressé par la raffinerie, le groupe israélien Delek, a retiré son offre. «La dernière des parties intéressées s'est retirée des discussions, a fait savoir un porte-parole de l'entreprise, Ed Greenberg, la semaine dernière. Ce retrait met fin à un une année d'efforts pour vendre la raffinerie. Nous allons donc continuer à préparer et planifier la conversion de la raffinerie en terminal.»

Le syndicat, pour sa part, soutient que l'acheteur est toujours intéressé, mais que Shell ne veut pas vendre. Il s'attend donc à ce que cet acheteur vienne prouver son intérêt devant les parlementaires et que Shell doive expliquer pourquoi les négociations ont achoppé.

La filiale américaine de Delek, qui exploite une raffinerie au Texas et un réseau de stations-service dans le sud des États-Unis, a été dénichée par le comité de survie de la raffinerie piloté par Michael Fortier.

Les syndiqués, dont l'emploi pourrait disparaître dès le mois de septembre, ont encore des raisons d'espérer. Si le recours aux tribunaux ne fonctionne pas, ils ont d'autres arguments juridiques à faire valoir, dont l'obligation pour Shell de décontaminer tout le terrain qu'elle occupe à Montréal-Est, et pas seulement la partie occupée par la raffinerie, advenant la conversion des installations en terminal de stockage.