Pas une seule mine de lithium n'est encore en activité au Québec mais déjà les promoteurs évoquent la possibilité d'une usine de transformation commune dans la province.

Une petite ruée vers le lithium a cours dans le secteur minier, motivée par l'utilisation de batteries au lithium-ion dans les véhicules électriques. Et plusieurs acteurs s'activent au Québec.

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«Mais tout est à faire», explique Dominique Doucet, président de Ressources Sirios, qui travaille sur un jeune projet dans la région de la Baie-James. Dans ce contexte, «il n'est pas interdit de penser à des modèles originaux», ajoute-t-il.

Actuellement, les projets québécois misent sur l'extraction de spodumène. Il s'agit d'un produit minéral brut qui peut être transformé par la suite en carbonate de lithium, le matériau utilisé dans les piles.

Nemaska Exploration, qui développe un projet de lithium près de Nemiscau, entend pour l'instant vendre le concentré de spodumène à des clients chinois, qui se chargeront du traitement du produit brut. Lithium One, dont le projet de la Baie-James est au stade de l'exploration avancée, n'a pas encore décidé s'il comptait traiter lui-même le produit brut. Quand au projet de Sirios et à celui de GlobeStar Mining, près de Chibougamau, il est encore trop tôt pour parler de choix d'opérations.

Masse critique

Mais jointes par La Presse Affaires, toutes ces sociétés ont montré une ouverture à l'idée d'une usine commune pour transformer au Québec le concentré de spodumène en carbonate de lithium.

«Il y a peut-être une logique pour avoir une usine, une masse critique quant au nombre de gisements et de ressources minérales», estime Dominique Doucet.

La production de carbonate de lithium à partir de pegmatite, une roche dure, est traditionnellement plus coûteuse que la production à partir des réservoirs salés d'Amérique du Sud, en ce qui concerne tant les capitaux initiaux que les coûts d'exploitation.

«On pense que l'innovation est très importante dans la production à partir de la roche dure, note à ce propos le PDG de Lithium One, Patrick Highsmith. Il faut regarder les possibilités de synergie.»

L'une de ces possibilités serait l'établissement d'une usine commune, qui fait d'ailleurs l'objet de discussions informelles entre les acteurs. En plus d'assurer que la totalité de la transformation se ferait au Québec, une telle usine de carbonate de lithium serait près des grands constructeurs automobiles américains.

Partenariat entre producteurs

Pour Guy Bourassa, PDG de Nemaska et partisan de l'idée, cela pourrait prendre la forme d'un partenariat entre les éventuels producteurs. L'industrie et l'État pourraient aussi se mettre ensemble attirer un gros utilisateur qui voudrait installer une usine au Québec, soutient M. Bourassa.

Mais cela pourrait aussi passer par des contrats d'approvisionnements avec Canada Lithium Corp, dont le projet Québec Lithium, au nord de Val-d'Or, prévoit la construction d'une usine de transformation.

«Nous serions très ouverts à cette possibilité», confirme le PDG de Canada Lithium, Peter Secker. Le projet de Canada Lithium est le plus avancé, avec une date d'entrée en production prévue fin 2012. «Au début, la capacité totale de l'usine de transformation sera consacrée au minerai de notre mine, mais nous avons la capacité d'agrandir en moins de six mois si nous avions du minerai supplémentaire à traiter», note Peter Secker.

Il n'y a actuellement qu'une seule usine de carbonate de lithium en Amérique du Nord. Elle est située au Nevada.