À la demande de Shell, qui ne voulait plus l'avoir dans le tableau, le comité de survie de la raffinerie de Montréal-Est a accepté de cesser ses activités, même si les discussions se poursuivent avec un acheteur intéressé.

«Clairement, le comité devient un irritant pour Shell et nous avons décidé de le dissoudre», a annoncé Michael Fortier hier en conférence de presse.

L'avocat, très calme et impeccable dans son complet rayé, semblait lui-même un peu irrité. Il aurait aimé rester jusqu'à la conclusion d'une transaction avec Shell.

«Moi, ce qui me désole, c'est que j'aime ça faire des transactions», a-t-il dit. Mais il estime qu'il est préférable de laisser Shell et le seul acheteur encore en lice continuer les discussions. «Je ne veux pas être le cailloux dans la chaussure de Shell», a-t-il dit.

L'avocat avait accepté en février dernier de remuer mer et monde pour trouver un acheteur pour la raffinerie. Il estime qu'il a fait son travail, puisque deux acheteurs ont déposé des offres. «Notre mission est accomplie», a dit M. Fortier, en rendant hommage à tout ceux qui ont travaillé au dossier, tous bénévolement comme lui.

Il assure qu'il n'est pas amer, mais il regrette le ton utilisé par Shell pour lui faire savoir que ses services n'étaient plus requis. Il a mentionné qu'une des avocates de Shell, francophone comme lui, lui avait écrit en anglais.

«Le comité spécial n'est plus autorisé par Shell à participer à aucune discussion concernant notre raffinerie de Montréal-Est», pouvait-on lire dans cette lettre qui enjoignait M. Fortier à «cesser toute discussion immédiatement».

À sa connaissance, Shell négocie toujours avec un des deux acheteurs recrutés par le comité. Il n'a pas mentionné le nom de cet acheteur, le holding israélien Delek. «Je suis encouragé et j'espère qu'ils vont s'entendre», a-t-il dit.

Le comité a trouvé deux acheteurs en quatre mois alors que Shell avait prospecté en vain le marché pendant un an. Malgré cela, Michael Fortier dit qu'il n'a aucune raison de douter de la volonté de Shell de vendre sa raffinerie, même à un concurrent. «Ils l'ont déjà fait dans le passé», a-t-il dit.

Shell a refusé les deux offres initiales parce qu'elle a trouvé «les prix trop bas et certaines des conditions posées par les acheteurs inacceptables», a-t-il expliqué.

Delek, qui exploite une petite raffinerie au Texas, avait d'abord offert 75 millions et a ensuite augmenté son offre à 150 millions. Il s'agit d'un acheteur sérieux qui a été considéré comme tel par Shell, a précisé Michael Fortier.

Si les négociations avec Shell devaient se conclure par une transaction, Delek demandera probablement l'aide financière des gouvernements. «Comme il y a beaucoup d'emplois en jeu, ça ne me choquerait pas que les acheteurs demandent une aide du gouvernement», a dit Michael Fortier.

L'avocat qui a négocié avec le grand patron de la F1 Bernie Ecclestone et qui a réussi à ramener la course à Montréal a trouvé l'expérience passablement différente avec Shell. C'est une grande entreprise avec plusieurs paliers de décisions, a-t-il expliqué. Il a précisé qu'il avait obtenu une collaboration totale des dirigeants de Shell.

La raffinerie de Montréal-Est cessera ses activités en septembre prochain si Shell refuse l'offre bonifiée de Delek, ce qui fera disparaitre 500 emplois bien rémunérés.