Les alumineries du Québec feront leur part pour aider Québec à atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES). Rio Tinto Alcan, Alcoa Canada et Aluminerie Alouette se sont volontairement engagées à réduire ensemble leurs émissions annuelles de 150 000 tonnes de CO2 en 2012 par rapport à 2008.

Ces ententes correspondent à une réduction de 2% des émissions de GES du secteur de l'aluminium.

Les alumineries «livrent la marchandise et nous en sommes très heureux au nom du développement économique et de la protection de l'environnement», a lancé hier la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp.

Il s'agit de la deuxième génération d'ententes entre Québec et le secteur de l'aluminium.

Entre 2002 et 2007, les alumineries s'étaient engagées à réduire leurs émissions de 200 000 tonnes. Mais en diminuant leur consommation d'énergie et en modernisant leurs usines, elles avaient largement dépassé l'objectif, sabrant leurs émissions de 712 000 tonnes.

En fait, entre 1990 et 2007, les émissions totales de GES du secteur de l'aluminium ont diminué de 10,2% au Québec pendant que la production d'aluminium bondissait de 126%.

Les nouvelles ententes donneront un coup de pouce au gouvernement du Québec, qui se doit d'accélérer le rythme s'il veut respecter les engagements du protocole de Kyoto.

Celui-ci a fixé des réductions de 6% par rapport aux niveaux de 1990. Actuellement, le Québec émet 1% de moins qu'en 1990.

La ministre Beauchamp a spécifié que les nouvelles ententes avec les alumineries compteront pour 1% de l'atteinte de cet objectif. Rappelons que Québec s'est aussi engagé à réduire de 20% ses émissions de GES d'ici 2020.

Une longueur d'avance

Si personne n'oblige pour l'instant Rio Tinto Alcan, Alcoa et Aluminerie Alouette à réduire leurs émissions de GES, ce n'est qu'une question de temps avant que ce soit le cas. En 2012, Québec compte adhérer au Western Climate Initiative (WCI), un marché de carbone qui fonctionnera sur le principe du «plafonnement et d'échanges» et qui regroupera sept États américains et quatre provinces canadiennes.

Les grands émetteurs de la province devront alors obligatoirement réduire leurs émissions ou acheter des crédits pour les compenser.

Dans ce contexte, les efforts volontaires faits par les alumineries québécoises pourraient être payants s'ils sont reconnus dans un futur marché réglementé.

«Aujourd'hui, il n'y a pas de valeur directement associée à une tonne de carbone - on n'est pas dans un marché réglementé. Mais, un jour, quand les législations seront en place, on veut faire reconnaître les efforts passés», a dit Jean Simon, président de Rio Tinto Alcan Métal primaire, Amérique du Nord.

La ministre Beauchamp promet d'ailleurs de tout faire pour que les efforts volontaires soient reconnus.

«Le système du WCI stipule qu'on va pouvoir reconnaître les efforts précoces. À quel niveau? Jusqu'à quel point? Les détails sont encore en discussion. Mais on met beaucoup d'énergie là-dessus», a-t-elle dit.

Les alumineries parviennent à réduire leurs émissions en améliorant leurs processus industriels, mais surtout en changeant de vieilles technologies pour des nouvelles.

Rio Tinto Alcan affirme par exemple que l'implantation de la fameuse technologie AP-50 mise au point à Arvida lui permettra de produire 40% plus d'aluminium... en émettant 40% moins de GES.

La technologie aurait dû être installée en 2008, mais la crise économique a retardé le projet. M. Simon a expliqué hier que Rio Tinto Alcan continuait d'y investir des sommes importantes (100 millions en 2009 et 100 millions cette année) et que le dossier «avance progressivement».