La bonne nouvelle, c'est qu'Hydro-Québec ne manquera pas d'eau dans ses réservoirs à cause du réchauffement climatique. La moins bonne, c'est que les hivers moins froids feront diminuer considérablement les besoins de chauffage de sa clientèle résidentielle.

C'est ce que prévoient les scientifiques du consortium Ouranos dans leur plus récent rapport sur l'impact des changements climatiques. Le consortium, auquel participent une dizaine d'organisations, dont Hydro-Québec, a été formé pour répondre aux inquiétudes de la société d'État sur les effets des changements climatiques sur la production hydroélectrique.

Le réchauffement du climat fera augmenter les précipitations dans le nord du Québec, où sont situées les principales installations de production d'Hydro-Québec, prévoient les chercheurs. C'est une bonne nouvelle, parce que le manque d'eau est le principal risque auquel fait face la société d'État.

Plus d'eau dans les réservoirs ne signifie pas nécessairement plus d'électricité, selon Ouranos. Si les apports d'eau continuent alors que les réservoirs sont déjà pleins, Hydro pourrait être forcée de déverser cette eau en pure perte.

Pour s'adapter à ce changement de régime de précipitations, Hydro devra modifier la façon dont elle gère ses réservoirs, estiment les scientifiques. À la limite, d'autres réservoirs pourraient être construits pour contenir ces surplus, suggèrent-ils.

Après le manque d'eau, l'évolution de la demande au Québec est un autre risque majeur pour Hydro. La demande devrait elle aussi être influencée par le réchauffement climatique.

Les hivers seront moins froids et la facture de chauffage devrait être moins élevée pour les clients résidentiels d'Hydro-Québec, prévoit Ouranos. Cette économie, de l'ordre de plusieurs millions de dollars par année, découle des températures hivernales qui seront plus fréquemment au-dessus du point de congélation et, plusieurs s'en réjouiront, de la quasi-disparition des températures plus froides que -25 degrés.

La baisse de la demande d'électricité pour le chauffage sera compensée en partie, mais pas complètement, par une hausse de la demande d'énergie pour la climatisation. «Cela s'explique à la fois par des hausses de température plus importantes en hiver qu'en été et par un usage beaucoup moins répandu de la climatisation dans les résidences», précise le rapport.

Ventes moindres

Tout compte fait, les ventes d'électricité au Québec devraient donc être moindres.

«Les besoins en énergie du secteur résidentiel diminueraient en 2030 de 6,7% et de 6,9% en 2050 par rapport à la demande d'un scénario de référence sans changement climatique», avancent les chercheurs.

Même si les ventes d'électricité au Québec diminuent, ça ne veut pas dire qu'Hydro-Québec fera moins d'argent. Les chercheurs d'Ouranos n'abordent pas cette question de la rentabilité d'Hydro-Québec, sinon pour mentionner que la quantité d'électricité disponible pour l'exportation sera plus importante.