Alors que l'industrie forestière se remet de la récession partout dans le monde, les entreprises canadiennes continuent d'éprouver des difficultés, particulièrement au Québec.

Les principales entreprises forestières du monde ont renoué avec les profits au cours du trimestre qui a pris fin le 31 mars, mais celles du Canada sont encore dans le rouge, révèle une comparaison internationale réalisée par PricewaterhouseCoopers.

Ensemble, les cinq entreprises inscrites en Bourse actives au Québec affichent une perte de 466 millions de dollars pour le trimestre. C'est encore plus que les 417 millions perdus au cours de la même période de 2009, surtout à cause des déboires d'AbitibiBowater. Dans l'ouest du pays, les neuf plus importantes entreprises affichent une perte globale de 3 millions, en nette amélioration par rapport aux pertes de 326 millions enregistrées il y a un an.

Aux États-Unis, les entreprises forestières et papetières sont passées d'une perte globale de 63 millions à un profit de 22 millions.

En Europe, la perte de 391 millions d'euros de l'an dernier est devenue un profit de 155 millions d'euros au trimestre terminé le 31 mars, a constaté PricewaterhouseCoopers. Ailleurs dans le monde, les principales entreprises du secteur ont augmenté leurs profits, qui sont passés de 365 millions US l'an dernier à 632 millions US cette année.

Au Québec, les entreprises ont profité de l'augmentation du prix moyen du bois d'oeuvre et de la pâte, explique Frédéric Bouchard, mais l'appréciation du dollar canadien a annulé l'effet de ces hausses de prix.

Le prix du papier journal n'a que très peu grimpé au premier trimestre de 2010, et il reste inférieur de 25% à ce qu'il était l'an dernier. Les résultats d'AbitibiBowater, principal producteur de papier journal établi au Québec, s'en ressentent et ils noircissent d'ailleurs le tableau dans l'est du pays. Sans Abitibi, les quatre autres entreprises québécoises (Domtar, Tembec, Cascades et Norbord) auraient affiché un profit de 55 millions pour le trimestre, comparativement à une perte de 145 millions l'an dernier.

Selon Frédéric Bouchard, les entreprises de l'Ouest ont relativement fait meilleure figure que celles de l'Est parce qu'elles ne sont pas intégrées (bois d'oeuvre, pâte et papier). Comme elles produisent surtout du bois d'oeuvre, elles ont bénéficié de la hausse des prix.

Mais l'augmentation des prix survenue au premier trimestre ne s'est avérée être qu'un soubresaut, et les prix se sont mis à redescendre. Le spécialiste prévoit que la situation ne s'améliorera pas au deuxième trimestre qui prendra fin le 30 juin.

«Pour une amélioration, il faut attendre la reprise de l'économie américaine», a-t-il dit, en soulignant que la très grande partie de la production des entreprises forestières canadiennes est vendue au sud de la frontière.

Un bilan mitigé

Par ailleurs, le forestier en chef a dressé hier un premier bilan mitigé de l'état de la forêt québécoise. Grâce aux deux réductions des droits de coupe, qui ont totalisé 25%, la forêt québécoise n'est plus surexploitée dans une perspective de long terme, estime Pierre Levac.

Par contre, les perspectives de croissance de l'industrie forestière sont limitées par le vieillissement de la main-d'oeuvre et la pénurie de travailleurs qualifiés, selon lui.

«Plusieurs programmes gouvernementaux soutiennent les emplois forestiers, mais leur efficacité reste à démontrer», a constaté le forestier en chef.

Le poste de forestier en chef a été créé par le gouvernement à la suite de la commission présidée par Guy Coulombe qui a conclu à une gestion déficiente de la forêt et à une surexploitation de la ressource.

À la suite de cette commission, le gouvernement a réduit de 20% les allocations de coupe accordées aux entreprises et, à son arrivée en poste, le forestier en chef les a réduites de 5% supplémentaires.