Sommet historique pour l'or sur le marché au comptant de Londres, hier, où le cours a touché 1251 dollars l'once. À New York, il a clôturé à 1244$.

Le marché de l'or, en hausse régulière, se porte bien depuis 10 ans. Depuis la nuit des temps, pourrait-on dire, dès qu'on a découvert que ce beau métal jaune, qu'on trouvait à l'état natif, était inaltérable.

Pour Benoît Gervais, vice-président Placements chez Mackenzie et portefeuilliste en chef de deux fonds de métaux précieux, l'or est un outil de diversification qu'il oppose aux «actifs papier» - bons du Trésor et autres produits financiers «facilement remplaçables».

Depuis le début des années 2000, observe-t-il, le gouvernement américain a accru sa masse monétaire d'environ 15% par année. Durant la même période, les liquidités, obligations et bons du Trésor américains détenus par des étrangers sont passés de 2 trillions à 7 trillions de dollars, soit une multiplication de 3,5. Le prix de l'or a subi sensiblement la même arithmétique. «Il y a une corrélation de 98% entre la masse d'argent détenu par les étrangers et le prix de l'or dans la même monnaie», énonce-t-il.

Aux investisseurs qui lui demandent combien vaudra l'or dans deux ans, Benoit Gervais répond donc: «Dites-moi combien il y aura d'argent de plus dans le système, et je vous dirai à quel prix sera l'or.»

Optimisme prudent

De ce côté, il montre un optimisme prudent. L'or navigue dans la partie supérieure de sa tendance à long terme, convient-il. Mais il croit que la masse monétaire devrait encore croître de 15% au cours de l'année, entraînant le prix de l'or dans les mêmes proportions.

Cette tendance, si elle se confirme, pourrait cependant inquiéter l'investisseur conservateur. «Avec la quantité d'argent qui entre dans le système, dit-il, il faut se demander quand l'inflation va se pointer et devenir un problème pour les actifs papier de son portefeuille.» L'or constituerait alors un contrepoids à l'inflation qui, euh... vaudrait son pesant d'or.

En saupoudrant un peu d'or dans un portefeuille standard composé d'actions et d'obligations, on bonifie le rapport risque/performance, résume M. Gervais. Il cible la proportion idéale entre 10 et 12%. «La plupart des gens n'en ont aucun. En avoir 1% ou 2% serait un grand pas pour les investisseurs conservateurs.»

Quand agir? «Je préférerais que les gens attendent à l'été pour en acheter, qui est habituellement une période assez mauvaise pour le prix de l'or», répond-il.

Il rappelle que depuis 2000, et si on excepte 2008, les plongeons les plus vertigineux entre un sommet et l'abysse qui suivait n'ont jamais excédé 12%.