Ça s'appelle arriver in extremis. Un deuxième acheteur a manifesté son intérêt pour la raffinerie de Shell à Montréal mardi soir, alors que le délai accordé par l'entreprise était pratiquement terminé.

Et cet acheteur de dernière minute serait plus sérieux que l'autre qui s'était pointé 24 heures avant la fin du deadline. «C'est un raffineur», ont confié des sources dignes de foi.

Chez Shell, le porte-parole, Larry Lalonde, a confirmé hier qu'un deuxième acheteur, sur les trois recrutés par le comité de survie, s'était manifesté. «Nous allons examiner les expressions d'intérêt que nous avons reçues», a-t-il dit laconiquement.

Le suspense se prolonge donc pour les 500 syndiqués de la raffinerie. L'arrivée d'un autre acteur, jugé plus sérieux que le premier, pourrait toutefois exaucer leur souhait «d'arrêter l'horloge», c'est-à-dire de stopper les travaux de démantèlement de la raffinerie que Shell est prête à commencer.

L'entreprise devrait annoncer ses intentions de poursuivre les discussions avec l'un ou l'autre des acheteurs ou de poursuivre les opérations de fermeture «à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine», a fait savoir Larry Lalonde.

Le porte-parole, qui avait dit de la première offre qu'elle était loin de ce qui pouvait être considéré comme acceptable pour Shell, n'a pas voulu qualifier la deuxième.

Même si Shell dit avoir reçu des «expressions d'intérêt» et non des offres d'achat, au moins un des deux acheteurs aurait soumis une offre formelle, selon les informations qu'il a été possible d'obtenir hier. L'identité de ces deux intéressés reste toutefois un secret bien gardé.

Les deux seraient toutefois intéressés à poursuivre les activités de la raffinerie. «On m'indique que l'intention des deux acheteurs potentiels est de poursuivre les opérations de la raffinerie et non pas un démantèlement», a indiqué hier à Québec le ministre du Développement économique, Clément Gignac.

Après avoir parlé aux dirigeants de Shell hier, le ministre s'est dit convaincu que l'entreprise prendrait le temps d'analyser sérieusement les propositions qui lui ont été soumises.

«Aucune offre n'a été rejetée à ce stade-ci, a-t-il souligné. Ils vont prendre le temps d'analyser au cours des prochains jours ces deux offres. Ce sont des gens sérieux.»

Selon lui, les dirigeants de Shell préfèrent trouver un acheteur pour leur raffinerie plutôt que de la convertir en terminal.

Le gouvernement Charest veut lui aussi garder la raffinerie en vie, mais «nous ne serons ni opérateurs ni actionnaires», a assuré Clément Gignac.

Toutefois, le gouvernement est prêt à aider financièrement un éventuel acheteur. «Si on a un acheteur potentiel qui présente un plan d'affaires viable et qu'il fait une demande d'assistance financière, nous allons la considérer, a dit le ministre. À ce moment-ci, nous n'avons pas été sollicités par aucun des deux acheteurs potentiels.»

Même s'il l'obtient à bon prix, l'acheteur de la raffinerie de Shell devra investir beaucoup d'argent pour la faire fonctionner et la moderniser.

La raffinerie de Montréal est la plus vieille des installations de Shell au Canada, mais elle a été modernisée au fil des ans. La dernière rénovation majeure date de 2005. Sa capacité de production (130 000 barils par jour) est aussi plus grande que celle des installations que Shell veut conserver à Sarnia en Ontario (75 000 barils par jour).