À la fin de la journée d'hier, date limite pour la vente de sa raffinerie de Montréal, Shell n'avait reçu aucune offre plus intéressante que celle de la veille, qu'elle avait jugée inacceptable. Mais les syndiqués refusent encore de baisser les bras. «On va garder espoir jusqu'à la fin», a commenté hier la porte-parole du comité de survie de la raffinerie, Catherine Escojido.

La fin, c'est le rejet officiel par Shell de l'offre qui est sur la table. Même si elle n'a pas laissé beaucoup d'espoir à ses employés en disant que cette offre était loin de ce qui pouvait être considéré acceptable, l'entreprise ne l'a pas officiellement refusée.

Shell se donne encore un peu de temps. «Il n'y a rien de nouveau et nous n'avons pas l'intention de publier un communiqué ou de faire une déclaration aujourd'hui», a fait savoir le porte-parole de l'entreprise, Larry Lalonde.

Des trois acheteurs potentiels débusqués par le comité de l'ancien sénateur Michael Fortier, un seul a soumis une offre à Shell. L'identité de cet acheteur de la onzième heure n'a pas été dévoilée, mais il s'agirait d'une firme spécialisée dans la chasse aux aubaines, selon les informations obtenues, et qui n'a pas d'expertise particulière dans le secteur pétrolier.

Les deux parties se sont parlé hier, et Shell doit maintenant annoncer sa décision de poursuivre ces discussions ou d'y mettre fin. L'entreprise a accepté de reporter de 48 heures les premiers travaux de mise au rancart de ses installations de Montréal, qui devaient commencer hier, avec le démantèlement de l'unité des huiles lubrifiantes. Le début de ces travaux est reporté à demain, ce qui indique que les employés n'attendront pas très longtemps avant d'être fixés sur leur sort.

Hier, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a pris soin de ne pas susciter trop d'espoir au sujet d'une aide financière de son gouvernement pour garder la raffinerie en vie. «On espère toujours, mais on est très réaliste», a-t-elle dit.

Si Shell va de l'avant avec la fermeture de sa raffinerie de Montréal, les 500 employés actuels sont assurés d'avoir du travail jusqu'en septembre dans les opérations de démantèlement.

Après, un calendrier de licenciement est prévu et, à terme, seulement une trentaine de travailleurs suffiront pour les activités de stockage que veut conserver Shell.

La raffinerie de Shell a 76 ans et elle traite 130 000 barils de brut par jour, ce qui en fait la plus importante de cette entreprise au Canada. Si elle cesse ses activités, il ne restera qu'une autre raffinerie à Montréal-Est, celle de Suncor (Petro-Canada), et seulement deux au Québec, avec celle d'Ultramar à Lévis.