Conforté comme valeur refuge sur fond de crises d'endettement, l'or jouit de cours historiques, mais le métal jaune se prépare aussi des lendemains dorés avec des usages médicaux, industriels ou environnementaux en expansion, prédit l'industrie.

Depuis les premiers fils dentaires en or utilisés par les Étrusques au VIIe siècle avant J.-C., aux recherches prometteuses dans le traitement de cancers via des nanoparticules d'or, l'usage médical-industriel de l'or, actuellement 12% de la demande, est appelé à se développer. Ce que claironne le secteur.

Dentisterie, rhumatologie (sels d'or), diagnostics réactifs (fertilité, toxicologie, tumeurs), greffes... Les acteurs de l'or mondial, réunis cette semaine en symposium à Lima, ont entendu les multiples applications du précieux métal à travers l'histoire ou le monde.

À côté de la joaillerie-orfèvrerie (70%), ou de l'usage d'investissement, «l'usage médical de l'or va s'accroître, mais ne sera jamais un moteur de la demande», convient Richard Holliday, directeur industriel au Conseil mondial de l'or.

«Mais cet usage médical va avoir un impact supérieur à ce qu'il pèse réellement, car il a de belles histoires à raconter», prédit-il.

«Les gens veulent entendre ces histoires, quand ils achètent un bijou ou investissent: la magie de l'or ne tient pas qu'à sa beauté ou sa valeur, mais à ses remarquables propriétés de métal».

Malléable, bio-compatible, résistant à la corrosion, bon conducteur thermique: des milliers d'études sont en cours à l'heure actuelle dans le monde sur des applications technologiques ou médicales, utilisant les propriétés de l'or, soulignent les compagnies minières.

«Les résultats sont lents car, sur ces milliers de projets, à peine quelques-uns se concrétisent», déclare Ignacio Bustamante, PDG du groupe aurifère péruvien Hochschild. «Mais on n'est qu'au début de la recherche sur de nouveaux usages de l'or. Et nous, groupes miniers, pensons que c'est un pari valide».

Électronique

Valide, et juteux. Dans le domaine des micro-composants électroniques, par exemple: si on calcule qu'un téléphone cellulaire comporte en moyenne 0,03 grammes d'or - «il y a à peu près un dollar d'or dans votre portable», résume Holliday, la croissance de 8% prévue du marché des portables en 2010 n'est pas anodine. Il a consommé environ 30 tonnes d'or en 2009.

Recherche et application visent aussi l'environnement: des catalyseurs ont été mis au point, incorporant de l'or aux côtés du platine et du palladium, avec une efficacité accrue contre les émissions de pots d'échappement. Aux États-Unis, des usines testent de l'or pour réduire les émissions de mercure.

L'or pour l'environnement? Paradoxe cruel au Pérou, où le mercure utilisé pour l'extraction d'or pollue à un rythme alarmant des rivières d'Amazonie, ou règnent des micro-entreprises minières informelles.

«Gold for good», jeu de mots sur «l'or pour (faire) le bien», ou «l'or pour de bon»: c'est la nouvelle image du métal jaune, mise en avant au symposium de Lima par un secteur aurifère triomphant, avec en toile de fond l'or plus attractif que jamais sur les marchés.

Car l'or n'échappe pas à son image, à sa valeur: David Epner, chef d'une entreprise new-yorkaise qui réalise des composants optiques en or pour téléscopes ou navettes de la NASA, se désolait de ses commandes des derniers temps: «des amis qui m'appellent pour savoir si à travers mes contacts dans l'or, je ne pourrais pas leur dégoter quelques onces pour mettre de côté...»