Alors que le gouvernement québécois a de plus en plus besoin d'argent pour renflouer ses finances, la rentabilité d'Hydro-Québec fait du surplace, malgré une augmentation phénoménale des exportations.

Pendant le trimestre d'hiver, qui est généralement le plus payant de l'année, Hydro a engrangé de revenus de 3,8 milliards, en baisse de 51 millions comparativement à la même période l'an dernier.

Les profits ont été de 1,4 milliard, à peine 65 millions de plus que lors de la même période l'an dernier, malgré une hausse de tarifs et une augmentation de 82% des exportations.

La température anormalement douce a réduit la consommation d'électricité des Québécois, ce qui a causé un manque à gagner de 183 millions par rapport à l'hiver précédent. «C'est l'hiver le plus chaud qu'on a connu depuis dix ans», a indiqué hier Lise Croteau, vice-présidente comptabilité et contrôle, en conférence téléphonique.

Les Québécois ont consommé cet hiver 3,3 milliards de kilowattheures de moins que l'hiver dernier. Hydro a pu exporter 3,7 milliards de kilowattheures de plus pendant le trimestre.

Normalement, une baisse de la consommation au Québec est une bonne chose pour Hydro-Québec, qui a plus d'électricité à vendre sur les marchés d'exportation. Mais depuis un an, en raison des prix très bas sur le marché américain, les exportations sont moins rentables.

Hydro a obtenu 6,2 cents par kilowattheure exporté. C'est 2,2 cents ou 26% de moins que le prix obtenu au premier trimestre de l'an dernier. Le kilowattheure exporté a même rapporté moins, à 6,2 cents, que le kilowattheure consommé par la clientèle résidentielle du Québec, qui paie un peu plus de 7 cents.

Comme la quantité de kilowattheures exportés a presque doublé par rapport à l'an dernier, les exportations ont rapporté plus que l'hiver dernier, soit 111 millions supplémentaires.Hausse inévitable

Après avoir juré qu'il ne le ferait pas, le gouvernement du Québec s'est résolu dans son dernier budget à dégeler les tarifs d'électricité des Québécois, qui sont à un prix fixe de 2,79 cents le kilowattheure depuis 2000 pour la consommation ne dépassant pas 165 milliards de kilowattheures.

Les hausses de tarifs depuis 2000 ne se sont appliquées qu'à une petite partie de la consommation, celle qui dépasse ces 165 milliards de kilowattheures.

Comme la consommation d'électricité au Québec stagne ou n'augmente que très peu, les hausses de tarifs ne rapportent presque rien à Hydro. En outre, la chute des prix sur le marché américain a rendu les exportations beaucoup moins rentables.

S'il veut augmenter ses revenus, le gouvernement n'a donc pas le choix. C'est la raison pour laquelle il a changé d'idée. Le prix des premiers 165 milliards de kilowattheures augmentera graduellement de 2,79 cents à 3,79 cents entre 2014 et 2018. Cette hausse de seulement 1 cent rapportera énormément d'argent à Hydro-Québec, parce qu'elle s'appliquera à toute la consommation d'électricité des Québécois et pas seulement à la partie supérieure à 165 milliards de kilowattheures.

En 2018, cette hausse d'un cent fera augmenter le profit annuel d'Hydro-Québec de 1,6 milliard de dollars, soit 53 % de plus que le bénéfice réalisé l'an dernier. Il est prévu que ces revenus supplémentaires soient versés au Fonds des générations pour réduire la dette.

La hausse de prix des premiers 165 milliards de kilowattheures ne s'appliquera pas à la grande industrie, comme les alumineries, qui continueront de profiter du tarif gelé à 2,79 cents le kilowattheure.

Ce tarif de 2,79 cents le kilowattheure est en fait le prix de gros de l'électricité. Il est ensuite augmenté des coûts de transport et de distribution, pour atteindre les 7 cents sur la facture des abonnés résidentiels.