Contre toute attente, trois entreprises se montrent intéressées à acheter la raffinerie de Montréal-Est, que Shell veut commencer à démanteler le 1er juin.

Les trois acheteurs potentiels ont signé des ententes de confidentialité avec Shell et examinent actuellement les activités de Montréal, a appris La Presse Affaires. Aucune information n'a filtré sur l'identité de ces entreprises, mais elles auraient l'intention de poursuivre les activités de la raffinerie, selon les informations obtenues par le comité de survie de la raffinerie.Le comité piloté par l'ancien sénateur Michael Fortier a pris contact avec une centaine d'entreprises dans le monde afin de connaître leur intérêt pour les installations délaissées par Shell. Les trois réponses prometteuses ont été obtenues à la suite de cet exercice d'exploration du marché.

Les trois entreprises respectent les exigences fixées par Shell. Il s'agit de sociétés sérieuses, qui ont une expertise dans le raffinage et qui ont les moyens de leurs ambitions, a indiqué hier la porte-parole du comité de survie de la raffinerie, Catherine Escojido.

Ces informations ont été communiquées hier aux syndiqués de l'entreprise, qui peuvent maintenant espérer conserver leurs emplois. Les 550 employés de Shell à Montréal ont été prévenus que si aucun acheteur ne se manifeste avant le 1er juin, l'entreprise commencera le processus de démantèlement de ses installations.

Une offre d'achat en bonne et due forme pourrait donc être soumise à Shell d'ici deux semaines pour stopper ce compte à rebours. Il n'y a toutefois aucune assurance que les intérêts exprimés se traduiront par une offre d'achat.

Shell a annoncé le 7 janvier dernier l'abandon de ses activités de raffinage à Montréal. Avant de prendre sa décision, l'entreprise avait cherché en vain un repreneur. Des candidats possibles, comme Valero (Ultramar) et Total, ont fait savoir qu'ils n'étaient pas intéressés.

L'intention de Shell était de conserver seulement un terminal de stockage à Montréal, ce qui maintiendrait seulement 30 des 550 emplois actuels.

Un contexte difficile

Des dizaines de raffineries sont à vendre en Amérique du Nord et en Europe, en raison de la chute de la consommation due à la récession et des perspectives moins favorables pour l'industrie à moyen terme.

Malgré ce contexte difficile, le comité de Michael Fortier a décidé de miser sur les atouts de la raffinerie de Montréal. Il s'agit d'installations rentables, qui peuvent traiter 130 000 barils de brut par jour et qui peuvent être approvisionnées à l'année par la voie maritime.

La fermeture de cette raffinerie pourrait signifier la mort de l'industrie pétrochimique à Montréal. L'autre raffinerie existante, celle de Suncor (Petro-Canada) partage avec Shell les coûts d'exploitation de l'oléoduc qui apporte le pétrole brut à Montréal à partir de Portland, dans le Maine.

Shell et Suncor sont aussi les fournisseurs de soufre de Marsulex, une entreprise voisine qui emploie 42 personnes, et alimentent en matière première Cepsa Chimie, Parachem et Selenis Canada.