Dans ses efforts pour accroître ses exportations d'électricité aux États-Unis, le Québec doit encore faire face aux «préjugés tenaces» qui datent de la vive controverse entourant le projet avorté de Grande-Baleine, a reconnu lundi la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

Au sud de la frontière, notamment au sein du gouvernement fédéral américain, nombreux sont ceux qui pensent que l'hydroélectricité est polluante, que Québec «entretient de mauvaises relations» avec les autochtones et que la construction de barrages se fait «en saccageant toutes nos rivières», a énuméré Mme Normandeau en marge d'un discours prononcé dans le cadre d'une conférence sur l'énergie, à Montréal.

Pour contrer cette image peu reluisante, le gouvernement souhaite ardemment que l'hydroélectricité provenant du Québec soit reconnue aux États-Unis comme une source d'énergie renouvelable.

Le Vermont pourrait bien être le premier État à le faire: sa Chambre des représentants vient d'adopter un projet de loi en ce sens et le Sénat doit emboîter le pas sous peu.

En septembre dernier, le premier ministre Jean Charest soutenait qu'une reconnaissance éventuelle de l'hydroélectricité comme énergie renouvelable par Washington pourrait permettre aux clients américains d'Hydro-Québec de profiter d'«incitatifs fiscaux fixés par le gouvernement américain».

Or, selon Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et spécialiste du secteur de l'énergie, ces mesures n'ont pas été conçues pour favoriser l'importation d'hydroélectricité en provenance du Canada, mais plutôt pour encourager la production locale d'énergie renouvelable.

Lundi, la ministre Normandeau a semblé rectifier le tir en admettant que la reconnaissance américaine allait d'abord servir à redorer le blason de l'hydroélectricité produite par les grandes centrales québécoises.