Les résidants de la plus petite province du Canada sont aussi ceux qui payent leur électricité le plus cher, une situation à laquelle le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard entend bien remédier.

Robert Ghiz est en discussion avec Hydro-Québec pour négocier l'approvisionnement de sa province en hydroélectricité propre et peu dispendieuse.

«Notre problème à l'Île-du-Prince-Édouard est que nous achetons beaucoup de notre électricité du Nouveau-Brunswick, a-t-il dit. L'électricité qu'ils génèrent est très dispendieuse et pas très bonne pour l'environnement.»

M. Ghiz a entrepris des pourparlers avec le Québec l'automne dernier, peu de temps après que le Nouveau-Brunswick eut entamé des négociations avec le Québec concernant la vente d'Énergie Nouveau-Brunswick.

La transaction a éventuellement avorté, face à l'opposition du public et à une certaine dissension au sein même du caucus du premier ministre Shawn Graham.

Les Néo-Brunswickois sont maintenant confrontés à une hausse de leurs tarifs et n'ont toujours aucune solution à la dette de près de 4,8 milliards que trimbale Énergie Nouveau-Brunswick.

Cette situation aura aussi des répercussions à l'Île-du-Prince-Édouard - qui achète plus de 80% de son électricité du Nouveau-Brunswick.

Sur l'Île, la société Maritime Electric achète aussi de l'électricité de deux fermes d'éoliennes et dispose de deux centrales au diésel qui sont utilisées pour répondre à la demande en période de pointe, où si l'alimentation provenant de la terre ferme est interrompue.

M. Ghiz dit qu'il aimerait conclure un contrat d'achat à long terme avec Hydro-Québec et se dit confiant d'en venir à une entente.

«Nous sommes toujours autour de la table et nous attendons qu'ils (Hydro-Québec) nous fournissent de l'information sous peu, a-t-il dit. Nous verrons ce qu'ils ont à offrir. Si c'est bon alors nous irons dans cette direction, autrement nous continuerons à chercher.»

Le ministre de l'Énergie du Nouveau-Brunswick, Jake Keir, n'est pas surpris d'apprendre que l'Île-du-Prince-Édouard magasine.

«S'ils (l'Île-du-Prince-Édouard) voient une occasion d'obtenir de l'électricité pour moins cher, alors tant mieux pour eux et je leur souhaite bonne chance, a-t-il dit. Ils cherchent ce qu'il y a de mieux pour leur province et c'est exactement ce que nous ferions à leur place.»

Le Nouveau-Brunswick produit l'essentiel de son électricité dans des centrales vieillissantes, a reconnu M. Keir, et la province ne peut donc pas rivaliser avec les prix offerts par Hydro-Québec.

«Je ne crois pas que nous soyons en mesure de rivaliser avec Hydro-Québec sur un marché quelconque, a-t-il dit. Donc, que ce marché soit l'Île-du-Prince-Édouard ou la Nouvelle-Angleterre, je crois que nous aurions de la difficulté à nous mesurer à l'hydroélectricité.»

M. Ghiz estime que les problèmes énergétiques qui touchent l'Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick auraient dû être réglés par les gouvernements provinciaux précédents. Ceux-ci, croit-il, ont raté une occasion en or quand la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador ont négocié leurs propres ententes avec le gouvernement fédéral.

«J'aurais aimé que la centrale nucléaire de Point Lepreau soit modernisée ou peut-être que le gouvernement fédéral paye pour une autre Point Lepreau au moment de ces négociations, a-t-il dit. Malheureusement, les gouvernement de l'époque ne l'ont pas demandé et ça nous place dans une position difficile aujourd'hui.»