L'industrie minière québécoise veut convaincre la population qu'elle a une forte teneur en retombées économiques: elle mettra en branle d'ici 2013 des projets d'investissement dont la valeur atteint 4 milliards de dollars, estime une étude dévoilée hier par l'Association minière du Québec (AMQ) et l'Association de l'exploration minière du Québec.

La province extrait 2,4% de son produit intérieur brut (7 milliards) et 12% de ses exportations de biens (8 milliards) de sa filière minérale, révèle aussi l'étude effectuée par E&B Data pour le compte des deux associations minières.

L'industrie génère 52 000 emplois, dont 36 000 emplois directs. La masse salariale totale des travailleurs, excluant celle des fournisseurs, atteint presque 2 milliards. Le salaire moyen de 53 000$ du travailleur minier dépasse de 42% le salaire moyen des Québécois.

Il y a un an, le vérificateur général du Québec avait révélé qu'entre 2002 et 2008, les sociétés minières québécoises avaient versé en redevances au gouvernement moins de 20% que ce que la loi prévoit. L'étude dévoilée hier avance toutefois que le soutien fiscal du gouvernement est «plus que compensé» par les apports fiscaux de la filière.

En 2007, année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles, l'industrie minière a reçu l'équivalent de 204 millions en crédits et déductions fiscaux.

Mais elle a généré des rentrées fiscales de 531 millions, en incluant les 395 millions en impôt provincial sur le revenu des travailleurs directs et indirects.

Le dévoilement de l'étude sur l'apport économique de l'industrie minière survient quelques semaines après le dépôt du budget québécois, qui incluait une hausse des redevances minières, et quelques semaines avant le début des consultations sur le projet de loi 79, qui mettra à jour le cadre réglementaire minier au Québec.

Un hasard, selon le président du conseil de l'AMQ, Michel Leclerc, en soulignant que le dévoilement coïncide plutôt avec le début de la Semaine minière du Québec.

«Cette étude vient d'une réflexion que nous avons commencée il y a 18 mois, explique-t-il. Nous essayions d'évaluer convenablement les retombées économiques de l'industrie minière, mais nous n'étions pas en mesure de le faire, car le secteur était très segmenté entre exploration, production et transformation.»

Mieux communiquer

Le document présente le secteur minier comme un «contributeur au bien-être de la société québécoise», résume M. Leclerc. Il viendra soutenir l'AMQ et l'industrie dans leur volonté de renouveler une image souvent négative.

«Souvent, nous sommes jugés sur le passé, dit Michel Leclerc. Au cours des 18 derniers mois, nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions plus faire ce que nous avons toujours fait, c'est-à-dire rester discrets et exploiter nos entreprises. Il fallait mieux communiquer avec la population, et c'est ce qu'on en train de faire.»

L'AMQ vient d'ailleurs de s'adjoindre les services d'une firme de relations publiques dans l'espoir de mieux faire passer son message. «L'industrie est rendue à une étape où il faut améliorer les communications, ajoute M. Leclerc. Il y a une volonté d'améliorer notre image auprès du grand public.»

La filière minérale compte 1376 établissements, soit 280 en exploration, 192 en extraction et 904 en transformation. Elle mise aussi sur 3800 fournisseurs québécois, dont 1800 dans la région de Montréal.

L'étude d'E&B Data a été réalisée à partir d'entrevues, de sondages, et de données de Statistique Canada, notamment. Elle est disponible sur le site de l'AMQ.

L'INDUSTRIE MINIÈRE EN CHIFFRES

> 2,4%: part du produit intérieur brut (PIB) québécois attribuable au secteur minier

> 52 000: emplois directs et indirects de la filière minière

> 3800: nnombre de fournisseurs québécois de la filière minérale