Préparez-vous à voir des pales tourner dans le ciel: d'ici cinq ans, la planète produira 160% de plus d'énergie éolienne qu'actuellement, selon un rapport publié cette semaine. Tandis que tous les yeux sont tournés vers la Chine, le marché le plus dynamique au monde, au Canada, c'est l'Ontario qui continue d'attirer les investisseurs... non sans susciter la controverse.

Selon le Global Wind Energy Council, il se produira 409 gigawatts d'énergie éolienne dans le monde en 2014, comparativement à 158,5 actuellement. Il s'agit d'une croissance moyenne de 21% par année pour les cinq prochaines années.

Les statistiques montrent à quel point la Chine est en train de s'imposer comme la grande puissance éolienne de la planète. Un tiers de toute la puissance installée l'an dernier l'a été en sol chinois, si bien que le pays vient de surpasser l'Allemagne comme premier producteur mondial d'énergie éolienne.

«En Chine, la croissance devrait se poursuivre à un rythme haletant et le pays demeurera l'une des locomotives de la croissance internationale», peut-on lire dans le rapport. On prédit que l'empire du Milieu n'ajoutera rien de moins que 20 gigawatts d'énergie éolienne à sa capacité actuelle de 25,9 gigawatts d'ici cinq ans - c'est près de 13 fois la puissance prévue du projet de la Romaine d'Hydro-Québec.

Le pari ontarien

Pendant ce temps, au Canada, l'Ontario continue d'attirer les investissements dans les énergies vertes à grands coups de deniers publics, une stratégie qui ne manque pas de soulever les critiques.

La province voisine a annoncé la semaine dernière qu'elle a maintenant signé 694 contrats pour la production d'énergie verte, ce qui pourrait générer 2500 mégawatts d'énergie et créer jusqu'à 20 000 emplois.

Parmi les nouveaux projets annoncés, on trouve entre autres le premier parc d'éoliennes offshore au pays dans le lac Ontario, près de Kingston, projet piloté par l'entreprise ontarienne Windstream Energy.

Cette avalanche de contrats découle de la Loi sur l'énergie verte de l'Ontario, dont la stratégie se résume simplement: pour attirer les promoteurs, la province paie le gros prix pour l'électricité à quiconque viendra en produire chez elle, qu'elle soit éolienne, solaire ou produite à partir de biomasse. Dans certains cas, l'Ontario octroie carrément les tarifs les plus élevés au monde.

La mesure a conduit à de grosses prises, notamment le sud-coréen Samsung, qui investira 7 milliards en Ontario dans des projets d'énergie solaire et éolienne. Sauf que les consommateurs commencent à réaliser que, si les autorités paient des prix aussi élevés aux producteurs, ce sont eux qui hériteront de la facture au bout du compte.

Hier, la Commission de l'énergie de l'Ontario a annoncé que les premiers 600 kWh consommés par les Ontariens chaque mois passeront de 5,8 cents à 6,5 cents, une augmentation de 12%. À cela s'ajoute une taxe de 4$ par année pour financer les énergies vertes. Selon l'opposition et certains analystes, la facture annuelle des ménages ontariens pourrait finir par grimper de 300$ à cause de la Loi sur l'énergie verte.

Quant au Québec, aucun nouvel appel d'offres ne se dessine dans l'éolien. Trois appels d'offres suivent actuellement leur cours (un premier de 1000 MW lancé en 2003, un deuxième de 2000 MW lancé en 2005 et un autre réservé aux autochtones et aux projets communautaires de 500 MW lancé l'an dernier).

La québécoise Innergex énergie renouvelable fait partie de celles qui veulent profiter de la manne ontarienne. L'entreprise espère produire 440 MW d'énergie éolienne dans la province voisine lors de la troisième vague de contrats du programme ontarien, qui devrait être lancée l'automne prochain. Boralex et Hydroméga, deux autres québécoises, ont affirmé ne pas avoir de projets précis liés à la Loi sur l'énergie verte ontarienne.