Pour la troisième année consécutive, le Québec est, aux yeux de l'industrie minière, le meilleur endroit du monde pour l'exploration et l'investissement. Mais le nouveau projet de loi sur les mines et les mesures annoncées dans le dernier budget provincial pourraient fragiliser la position de tête de la province.

L'Institut Fraser a confirmé l'attrait du Québec, hier soir, en dévoilant à Montréal les résultats de son sondage annuel des dirigeants des sociétés minières. Le Québec devance 71 autres pays ou États fédérés. Cinq autres provinces canadiennes sont dans le top 10, tandis que l'Ontario est 22e.

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«Nous sommes restés forts dans les mêmes éléments, comme la qualité de notre base de données géologiques et la fiscalité, s'est réjoui le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin. Mais nous sommes toujours un peu plus faibles en ce qui a trait à l'accès au territoire ou aux relations avec les autochtones.»

La fin d'un règne?

Jean-Pierre Thomassin croit toutefois que le règne québécois tire à sa fin. «Je suis convaincu qu'on ne sera plus premiers l'an prochain, ne serait-ce qu'en raison de la réaction aux changements.»

Car 2010 est en effet une année de grands changements pour le Québec minier. En décembre, le gouvernement québécois a présenté le projet de loi 79, qui vise à stimuler l'exploration et à renforcer le cadre réglementaire environnemental. Les consultations sur le projet auront lieu au cours de l'été.

À la fin du mois de mars, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé dans son premier budget une hausse des redevances minières de 12 à 16%, de même qu'une série d'autres changements fiscaux qui rendront plus onéreux le régime des droits miniers.

Fred McMahon, vice-président de la recherche internationale de l'Institut Fraser, a souligné que Québec a pris l'industrie minière au dépourvu au moment du budget. Or, cela pourrait créer de l'incertitude chez les investisseurs miniers, soutient-il. Car c'est la stabilité et la prévisibilité qui font la force des endroits les plus attrayants pour l'industrie.

Le ministre délégué des Ressources naturelles et de la Faune, Serge Simard, a fait un saut à Montréal pour assister au dévoilement de l'étude. Il s'est fait rassurant sur la question de la stabilité.

«La loi sur les redevances n'a pas été modifiée de façon importante depuis 1994, a-t-il expliqué à La Presse. Et ça va prendre un bon bout de temps avant qu'on ne révise les redevances. Les investisseurs n'ont pas à être inquiets.»

Le ministre défend la décision de hausser les redevances. «Il est important que les Québécois soient gagnants avec leurs ressources naturelles, et que les investisseurs soient gagnants aussi», a dit M. Simard.

Il affirme que, malgré les changements prévus, le Québec peut maintenir sa compétitivité, son attrait et sa première place, notamment grâce au savoir-faire de ses ressources humaines.

Le sondage de l'Institut Fraser a été réalisé de septembre à décembre 2009 (donc avant les changements qu'a proposés Québec) auprès de 670 dirigeants d'entreprises d'exploration, de développement ou de consultation de partout dans le monde.