AbitibiBowater pourrait devoir procéder à une nouvelle réduction de sa capacité de production si les conditions des marchés du papier et du bois devaient se détériorer à nouveau, a indiqué l'entreprise dans un document déposé la semaine dernière auprès des autorités américaines.

En 2009, dans le cadre de sa restructuration judiciaire, la forestière montréalaise a pourtant fermé plusieurs de ses usines de façon permanente ou temporaire, dont celle de Beaupré, près de Québec, qui a envoyé quelques 350 travailleurs au chômage.

Au 31 décembre, AbitibiBowater comptait 12 100 employés, contre 13 000 à la fin septembre et encore davantage au moment de se placer sous la protection des tribunaux, il y a un an.

Au cours des derniers mois, les cours du papier journal ont graduellement repris de la vigueur par rapport aux creux enregistrés l'été dernier. La reprise est toutefois loin d'être assurée, puisque plusieurs concurrents d'AbitibiBowater ont récemment annoncé des fermetures d'usines.

Malgré tout, Abitibi a réussi à réduire sa perte nette au quatrième trimestre, grâce notamment à une importante réduction de ses coûts.

Au cours de la période qui a pris fin le 31 décembre 2009, l'entreprise a enregistré une perte nette de 314 millions $ US (5,43 $ US par action), comparativement à celle de 1,4 milliard $ (24,85 $ US par action) essuyée il y a un an.

Dans un document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis, AbitibiBowater a indiqué que la baisse de ses coûts de fabrication, de distribution et d'administration expliquait en partie l'amélioration des résultats.

Mais surtout, il faut rappeler qu'en 2008, l'entreprise avait inscrit une dépréciation d'actifs de 810 millions $ US, qui avait grandement alourdi sa perte du quatrième trimestre et de l'année.

Les ventes ont reculé de 30,4% au quatrième trimestre pour se chiffrer à 1,13 milliard $ US, en raison de la baisse significative des prix du papier et des expéditions.

Pour l'ensemble de l'année, AbitibiBowater a enregistré une perte nette de 1,55 milliard $ US (26,91 $ US par action), comparativement à celle de 2,23 milliard $ US (38,79 $ US par action) déclarée en 2008.

Le chiffre d'affaires annuel a plongé de 35,5% pour s'établir à 4,37 milliards $ US.

La restructuration coûte cher à AbitibiBowater: les frais qui y sont liés ont atteint pas moins de 639 millions $ US en 2009, dont 106 millions $ US en honoraires professionnels (avocats, comptables, etc.) et 242 millions $ US en charges découlant des fermetures d'usines.

Par contre, Abitibi a touché 276 millions $ US sous forme de crédits d'impôts américains pour l'utilisation de liqueur noire, un sous-produit de l'industrie des pâtes et papiers qui sert de carburant.

Résultats par secteurs

Les ventes de papier journal ont chuté de 44,3% pendant l'année pour se chiffrer à 1,8 milliard $ US, tandis que les expéditions ont reculé de 33,5%. Le secteur a inscrit une perte d'exploitation de 353 millions $ US, alors qu'il avait dégagé un bénéfice d'exploitation de 30 millions $ US en 2008.

Du côté des papiers couchés, les ventes ont fléchi de 36,9% pour atteindre 416 millions $ US, alors que le bénéfice d'exploitation a diminué de 30%, à 89 millions $ US.

Les ventes de papiers spécialisés ont reculé de 27,2% pour s'élever à 1,33 milliard $, tandis que le bénéfice d'exploitation s'est établi à 85 millions $ US, une nette amélioration par rapport à la perte d'exploitation de 14 millions $ US inscrite l'an dernier.

Pour ce qui est de la pâte, les ventes ont baissé de 17,3% et ont atteint 518 millions $ US, mais le bénéfice d'exploitation a presque doublé, passant de 66 à 112 millions $ US.

Enfin, pour ce qui est du bois, les ventes ont dégringolé de 30,6%, à 290 millions $ US, ce qui n'a pas empêché la perte d'exploitation de diminuer, passant de 69 à 56 millions $ US.