Le gouvernement Charest n'osera pas toucher aux tarifs du «bloc patrimonial» d'Hydro-Québec dans le budget de mardi prochain. En revanche, le ministre Bachand annoncera une consultation sur les tarifs de l'électricité, un comité d'étude dont les conclusions seront attendues dans l'année.

Une hausse de 1 cent des tarifs du bloc patrimonial générerait automatiquement 1,6 milliard de dollars de recettes. La Presse a révélé il y a un mois que, pour son premier budget, le ministre Raymond Bachand s'appuierait essentiellement sur deux hausses de 1% de la taxe de vente du Québec, reprenant ainsi la totalité de l'espace laissé vacant par les baisses de la TPS consenties par le gouvernement Harper. Déjà certains membres du gouvernement avaient immédiatement fait valoir que la taxe de vente était probablement le moyen le plus «équitable» de trouver des recettes.

 

Selon nos sources, la hausse des dépenses de l'année 2010-2011 respectera la cible prévue d'environ 3,2%. L'année suivante, cependant, la «révolution culturelle» frappera. Bien qu'on ait prévu aussi 3,2% de croissance des dépenses en 2011-2012 dans le budget de 2009, il faudra fermer davantage le robinet, prévoit-on déjà.

À l'approche de l'annonce des budgets des ministères, les rumeurs se font persistantes sur les sombres perspectives pour la Santé. Le budget global du ministre Bolduc croîtra moins vite que prévu, et les coûts de système - environ 5% par année - ne seront apparemment pas couverts. L'an dernier, le budget de la Santé avait augmenté de 5,7% par rapport à l'année précédente.

On retient aussi des entrevues qu'a données le premier ministre Charest la semaine dernière que Québec voudra mettre en place un système pour que les contribuables soient davantage informés des coûts des soins de santé qu'ils obtiennent - l'ancien ministre Claude Castonguay avait proposé l'idée d'un «T4» santé dans son rapport de 2008 sur le financement du système.

Pour frapper l'imagination, Québec appliquera les freins sur les primes versées aux fonctionnaires - un gel avait déjà été annoncé pour 2009 dans la fonction publique. On touchera aussi les cadres des sociétés d'État qui ne sont pas assujetties à la loi sur la gouvernance. Le gel, qui touchera aussi les salaires des députés, s'étendra sur deux ans, cette année et l'an prochain. Mais les sommes ainsi épargnées sont bien négligeables par rapport aux besoins du gouvernement.

Tout indique aussi que, à la demande des villes, de Montréal en particulier, on haussera légèrement les droits sur l'essence, de 1 ou 2 cents le litre. Il reste à savoir si cette décision s'ajoutera à la hausse de 1 cent déjà annoncée dans le dernier budget de Monique Jérôme-Forget, au printemps 2009.

Hier, le ministre des Finances ne s'est pas présenté au débat de trois heures sur les finances publiques prévu à l'Assemblée nationale. Le critique péquiste Nicolas Marceau a eu à croiser le fer avec le responsable du Revenu, Robert Dutil.

M. Marceau estime que «les Québécois demandent qu'on contrôle mieux les dépenses» et ne souhaitent pas de hausses d'impôts ou de tarifs. En Chambre, il a rappelé que bien des études estiment à environ 30% les coûts supplémentaires entraînés par la collusion dans le secteur de la construction.

En réplique, le ministre Dutil a soutenu que le péquiste faisait un rapprochement «inadéquat» entre le financement des partis politiques et les contrats gouvernementaux.