Il n'y a pas si longtemps, des économistes voyaient le pétrole à des prix stratosphériques. En particulier, au printemps 2008, le coloré Jeff Rubbin prévoyait que le prix du baril atteindrait 225$US en 2012.

Pour justifier ses prévisions, Jeff Rubbin parlait de la demande croissante des pays émergents. L'Inde, la Chine et la Russie, notamment, ont un appétit grandissant pour les automobiles.

Deux ans plus tard, le cours du pétrole est loin des prix attendus. Dans la foulée de la crise financière, le baril a plongé, passant de quelque 140$US à l'été 2008 à moins de 40$US au début de 2009. Depuis, le prix a remonté, si bien qu'il clôturait hier à 80,61$US.

Compte tenu de cet historique, à quoi faut-il s'attendre avec le pétrole? Nous avons discuté du sujet avec deux observateurs dont les points de vue divergent, l'économiste Maurice Marchon, de HEC Montréal, et le gestionnaire de portefeuille Denis Durand, de Jarislowsky Fraser.

Selon Maurice Marchon, l'économie mondiale n'est pas en mesure de soutenir une hausse du prix du pétrole actuellement. Le cours du pétrole était irréaliste autant à son sommet spéculatif qu'à son creux de la crise, dit-il.

L'économiste rappelle que le coût marginal de production d'un baril de pétrole est d'environ 65$US. À ce prix, les nouveaux gisements sont rentables. Les principaux exportateurs de pétrole, représenté sous l'OPEP, n'ont pas intérêt à ce que le pétrole monte trop vite, car cette poussée rendrait rentables de nouveaux champs de production et des sources d'énergie alternatives, ce qui leur ferait concurrence.

Maurice Marchon voit donc le prix osciller entre 75 et 95$US au cours des deux prochaines années. Les contrats à terme de pétrole de décembre 2010 et de décembre 2011 se négocient d'ailleurs à 82,79$US et 84,50$US, respectivement.

À long terme, Maurice Marchon croit qu'il est préférable d'acheter un indice boursier représentant les marchés émergents plutôt qu'un indice pétrolier.

Denis Durand est plus optimiste quant aux prix pétroliers. Certes, le prix devrait reculer à l'automne vers les 70$, dit-il, en raison des inventaires élevés, après avoir remonté d'ici juin pour des raisons techniques. Les inventaires ont été accumulés à cause de la récession.

D'ici cinq ans, toutefois, Denis Durand voit l'or noir à 125 ou 130$US. «Depuis 2-3 ans, on ne produit plus autant de nouveau pétrole que notre augmentation de la consommation. Les réserves baissent», dit-il.

Le gestionnaire est donc toujours de ceux qui misent sur le pétrole. L'indice iShares XEG est une avenue pour les petits investisseurs qui voient le pétrole dans leur soupe. Cet indice calque celui du secteur énergétique de la Bourse de Toronto, lui-même constitué principalement de titres d'entreprises pétrolières.

Un autre indice est le HOU, qui est basé sur le cours du pétrole du Nymex. Attention, dit toutefois Denis Durand, l'indice est construit avec effet de levier et il est donc beaucoup plus risqué.