L'entente d'une durée de 26 ans conclue par Hydro-Québec avec l'État du Vermont rapportera 4,5 cents le kilowattheure, soit à peine plus que le contrat qu'il remplace et qui avait été conclu il y a presque 25 ans.

Cette entente prévoit qu'Hydro-Québec fournira 225 mégawatts au Vermont pour une période de 26 ans, soit jusqu'en 2038. Cette électricité rapportera 1,5 milliard au Québec, s'est réjoui le premier ministre Jean Charest en annonçant l'accord de principe la semaine dernière.

Des revenus de 1,5 milliard en 26 ans, c'est loin d'être le pactole. Ça veut dire 4,5 cents le kilowattheure, a calculé Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l'Université Laval.

Hydro recevra du Vermont un peu plus que les 3,67 cents le kilowattheure du contrat qui tire à sa fin, mais infiniment moins que ce que lui coûtent les centrales en construction comme celle de la Romaine (10 cents le kilowattheure).

«Nous faisons un cadeau à un voisin plus riche que nous, estime Jean-Thomas Bernard. C'est comme une personne qui fait un cadeau à un voisin plus riche et qui s'en réjouit!»

Le professeur a calculé le prix de vente au kilowattheure du prochain contrat avec le Vermont à partir des informations disponibles. Les 225 mégawatts vendus au Vermont représentent une quantité d'énergie de 1,3 milliard de térawattheures. Pour une utilisation de 16 heures par jour tel que prévu, ça donne un prix de 4,5 cents le kilowattheure.

Selon le premier ministre Charest, le prix obtenu par Hydro-Québec pour la durée du contrat sera équivalent au prix médian du marché de référence qui n'a pas été identifié mais qui est probablement celui du New England Power Pool (NEPOOL). Ce prix est actuellement de 4 cents le kilowattheure, qui reflète le coût des sources d'énergie utilisées dans ce marché, soit le charbon, le nucléaire et le gaz naturel. À 4,5 cents le kilowattheure, l'énergie verte du Québec n'a donc pas beaucoup plus de valeur pour le Vermont que l'énergie provenant de sources plus polluantes.

Hydro-Québec continuera de fournir le tiers de l'électricité consommée au Vermont. Le prix payé par le Vermont devrait augmenter en fonction du prix du marché de référence, mais le potentiel de hausse est limité par la présence croissante des gaz de schiste dans le nord-est du continent. «Ceci va avoir une influence à la baisse sur le prix de l'électricité aux États-Unis et sur la rentabilité des exportations du Québec», souligne Jean-Thomas Bernard.

L'entente avec le Vermont prévoit aussi que si l'électricité du Québec finit par être considérée comme de l'énergie verte par le gouvernement américain, le bénéfice de cette reconnaissance sera partagé à parts égales en le Vermont et Hydro-Québec. Encore là, le potentiel de hausse est très limité, estime le professeur.

Le prix obtenu du Vermont est rentable pour Hydro-Québec, dont le coût de production moyen est de 2,2 cents. Mais il démontre que les exportations d'électricité en vertu de contrat à long terme sont beaucoup moins payantes qu'on le croit généralement.

Sur le marché à très court terme, ou spot, les prix obtenus par Hydro-Québec sont généralement plus élevés, mais seulement à certaines périodes de la journée. En 2009, à cause de la récession, les prix de l'électricité ont chuté aux États-Unis et ils ne se relèvent que lentement.