Transformer une vieille centrale au charbon de la Saskatchewan en source d'énergie propre: c'est le défi que s'est vu confier SNC-Lavalin (T.SNC) dans ce qui pourrait devenir l'un des plus gros projets de captage de CO2 au monde. Une vitrine pour la firme de génie qui veut placer ses pions dans ce marché jugé en pleine expansion.

SNC-Lavalin a remporté la semaine dernière un appel d'offres de SaskPower, principal fournisseur d'énergie de la Saskatchewan, pour un projet-pilote de captage et de séquestration de CO2 à la centrale au charbon de Boundary Dam.

Le projet est décrit par SaskPower comme «l'une des premières et des plus grandes centrales commerciales de captage de CO2 au monde».

«On espère que ce sera le premier de plusieurs autres projets de même nature ailleurs dans le monde», dit Leslie Quinton, vice-présidente, communications mondiales d'entreprise, chez SNC.

La firme de recherche ABI Research prédit qu'il se développera 73 projets de captage et de séquestration de CO2 à l'échelle de la planète d'ici 2014, pour des investissements totaux de 14,6 milliards de dollars.

L'idée du projet de la Saskatchewan est de récupérer le CO2 émis par la centrale thermique, de l'utiliser à son avantage pour contribuer au processus industriel, puis de l'enfouir dans le sol pour empêcher qu'il ne pollue l'atmosphère.

Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, évalue le contrat à 300 millions de dollars. L'analyste avertit toutefois que SaskPower s'est donnée plusieurs portes de sortie dans ce projet. La société veut mieux évaluer les coûts, trouver des clients qui achèteront le carbone capté et se donner la chance d'étudier une éventuelle réglementation sur les émissions de CO2 avant de confirmer qu'elle ira de l'avant.

La décision finale sera prise d'ici la fin de l'année.

SNC-Lavalin commence toutefois à travailler dès maintenant et sera payée pour les études et l'analyse, quoi qu'il arrive. La firme de génie travaillera avec Cansolv, filiale de Shell Global Solutions. C'est cette dernière qui fournira la technologie de captage de CO2 et de SO2, un autre gaz nocif émis par les centrales au charbon. SNC-Lavalin s'occupera de son côté de l'ingénierie, de l'approvisionnement et de la construction si le projet va de l'avant.

Selon l'analyste Pierre Lacroix, SNC-Lavalin vient de mettre le pied dans la porte d'un marché très prometteur avec le contrat de la Saskatchewan. «Essayer de gérer les émissions de carbone, c'est une tendance lourde, une tendance de fond, dit l'analyste. Pour SNC, ça donne une excellente vitrine. Si ce projet marche bien, ça va être un bon vendeur pour l'entreprise dans l'avenir.»

M. Lacroix rappelle que les autorités de l'Ontario et des États-Unis veulent remplacer leurs centrales au charbon pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. «Mais l'industrie du charbon est assez grande et puissante et elle essaie de se trouver une nouvelle vie. Et elle investit pour trouver des solutions comme le captage du carbone pour essayer de survivre.»

Un autre grand marché pour l'expertise développée par SNC-Lavalin en Saskatchewan pourrait être l'extraction de pétrole à partir des sables bitumineux de l'Alberta. L'entreprise a confirmé hier que sa technologie pourrait servir à rendre plus propre l'exploitation de cette manne économique qui soulève toutefois l'ire des environnementalistes. «Quand tu t'appelles le Canada et que tu essaies de développer le pétrole par les sables bitumineux, c'est sûr que l'aspect de séquestration du carbone devient quelque chose d'important», dit à ce sujet Pierre Lacroix.