Une difficile restructuration financière suivie immédiatement après d'une récession. Les deux dernières années ont bien failli avoir raison de Tembec (T.TMB), mais l'entreprise commence à se remettre peu à peu de la pire année de son histoire.

«Dieu merci, l'année 2009 est terminée», a lancé son président, Jim Lopez, qui a rencontré la presse hier avant l'assemblée annuelle des actionnaires.

La récession a coûté cher à Tembec, qui a dû faire un nombre record de fermetures temporaires en 2009. «À certains moments, la moitié des nos employés étaient en chômage», a-t-il rappelé.

Le nombre d'employés de Tembec a baissé de près de la moitié, de 11 000 à 6000, au cours des dernières années et d'autres mises à pied ne sont pas exclues.

Le président et chef de la direction de Tembec a expliqué que le marché reste très difficile dans le secteur du papier journal et du bois d'oeuvre, mais que la demande pâte s'est redressée sensiblement, grâce à la Chine. «La Chine est venue au secours de l'industrie au milieu de 2009», a-t-il dit.

La pâte a levé

Le secteur de la pâte, plus importante activité de Tembec, a d'ailleurs permis à l'entreprise d'améliorer un peu ses résultats. Au premier trimestre qui a prix fin le 26 décembre, Tembec affiche une perte de 9 millions de dollars (9 cents par action), comparativement à une perte de 60 millions (60 cents par action) à la même période l'an dernier. Les ventes ont baissé de 511 millions l'an dernier à 412 millions, mais les marges se sont améliorées, a précisé le vice-président à la direction, Michel Dumas.

Le marché du bois d'oeuvre reste encore très déprimé. Seulement quatre des dix scieries de Tembec sont en exploitation, a fait savoir M. Dumas. Le nombre de mises en chantier aux États-Unis est encore seulement au tiers de ce qu'il était à son sommet d'il y a deux ans, a-t-il précisé.

Du côté du papier journal, il n'y a aucune amélioration à espérer, selon Jim Lopez. «La demande continue de diminuer et la demande que nous avons perdue ne reviendra jamais», croit-il.

Tembec a deux usines de papier journal dont une, celle de Pine Falls au Manitoba, est passée par un lock-out avant d'être fermée temporairement. Tembec est à la recherche d'acheteurs pour cette usine et, à défaut d'en trouver, elle sera fermée définitivement, a dit Jim Lopez.

Tembec entend garder son autre usine de papier journal, à Kapuskasing en Ontario, au moins jusqu'à ce que le marché s'améliore.

Selon Michel Dumas, Tembec se retirera probablement du secteur du papier journal, où elle n'est qu'un petit acteur, si elle en a l'occasion. L'entreprise produit seulement 200 000 des 6 millions de tonnes de papier journal produites au Canada, ce qui représente seulement 3 ou 4% de ses ventes totales.

Après avoir restructuré son capital et allégé sa dette, Tembec était plus séduisante pour des acheteurs potentiels et plusieurs analystes s'attendaient à ce qu'elle soit avalée par un concurrent. Selon son président, Tembec n'a aucun plan en ce sens, mais il ajoute que «tout peut arriver très vite».

En attendant, Tembec espère toujours récolter bientôt 71 millions de la vente de certains de ses biens jugés non essentiels, comme deux centrales hydroélectriques en Ontario, un immeuble de bureaux et des parcelles de terre.

«Ça prend plus de temps que prévu, parce que le marché de la dette a été très mauvais et que les acheteurs n'ont pas pu trouver de l'argent», a expliqué Michel Dumas. Le financement étant plus facile, des transactions pourraient être conclues dans les prochains mois, a-t-il dit.

Depuis un an, le titre a varié entre 50 cents et 1,39$. Hier, l'action de Tembec a fini la journée en baisse de 11 cents, à 1,11$. Selon Richard Kelertas, de Dundee Securities, il ne faut pas compter sur une amélioration du marché américain, ni sur une baisse du dollar canadien, pour soutenir les producteurs de bois d'oeuvre et de papier. «Il y a peu de chances que la récente poussée du prix des titres soit soutenue», estime-t-il.

L'analyste a un prix cible de 40 cents pour l'action de Tembec et une recommandation de vendre.