Après avoir perdu une demi-journée à débattre de procédures, la Régie de l'énergie a commencé à entendre la cause de Terre-Neuve qui se plaint de ne pas avoir accès au réseau de transport d'Hydro-Québec.

Les audiences publiques, qui examinent quatre plaintes déposées par Nalcor, la société énergétique de Terre-Neuve, s'annoncent longues et complexes.

Hier, les avocats d'Hydro-Québec ont refusé que ces plaintes soient entendues selon la procédure habituelle de la Régie et réclamé que les témoins de la plaignante soient plutôt entendus selon la procédure en usage à la Cour supérieure.

Après avoir délibéré quelques heures, les régisseurs se sont rangés du côté d'Hydro-Québec et l'examen de la preuve de Nalcor a pu commencer.

Malgré ce début houleux, le président-directeur général de Nalcor, Ed Martin, a assuré qu'il croyait fermement à l'impartialité de la Régie de l'énergie du Québec. «Je n'ai aucune raison de douter de l'indépendance de la Régie», a-t-il déclaré lors de l'ajournement des débats.

M. Martin s'est dit très heureux de l'existence de la Régie, qui lui permettra d'obtenir des réponses à des questions qu'il a posées sans succès à Hydro-Québec. «Heureusement, il y a la Régie de l'énergie qui agit comme arbitre dans cette dispute», a-t-il dit.

Selon lui, le marché de nord-est des États-Unis est assez grand pour le Québec et Terre-Neuve. «En plus de l'important bassin de population et de la demande qui ira croissant, il y a aussi le besoin de remplacer le charbon et le pétrole comme sources d'énergie.»

Le principal objet du litige devant la Régie est la capacité du réseau de transport d'Hydro-Québec. Selon Hydro, il n'y a aucune capacité disponible, ce dont Nalcor doute.

Ed Martin a souligné que Terre-Neuve est prête à investir des sommes importantes dans l'amélioration du réseau de transport d'Hydro-Québec, si nécessaire, et à payer des frais de 75 à 200 millions par année pour acheminer son énergie à travers le Québec jusqu'au marché américain.

«C'est bon pour nous et c'est très bon pour le Québec», a-t-il soutenu.

L'accès au réseau de transport québécois est crucial pour le projet hydroélectrique du Bas-Churchill, au Labrador, que le gouvernement de Terre-Neuve veut développement.

Les deux centrales hydroélectriques à construire exigeraient des investissements de 6,5 milliards et généreraient 2800 MW d'électricité.

Par ailleurs, M. Martin a indiqué que le président d'Hydro-Québec n'a pas répondu à sa demande de renégocier les termes du contrat de Churchill Falls. «Nous n'avons rien reçu donc nous avons pris la décision de procéder».

Terre-Neuve s'adressera aux tribunaux pour demander encore une fois la réouverture du contrat qui a profité davantage à Hydro-Québec depuis sa conclusion en 1969.