Pénibles journées, longues nuits pour les entreprises canadiennes qui comptent des employés en Haïti.

Mercredi, Jacqueline Montfourny, présidente de l'entreprise d'exploration minière Somine SA, et de la montréalaise SIMACT Alliance Copper Gold qui détient 70% de la première, n'avait reçu aucune nouvelle de trois des six personnes employées à Port-au-Prince. Il n'y avait aucune inquiétude pour les neuf autres qui travaillaient dans la zone d'exploration du nord-est du pays, moins touchée par le séisme.

Mais hier matin, le compte a changé. Jacqueline Montfourny craint qu'une aide-géologue dont on n'a aucune nouvelle se trouvait en fait à Port-au-Prince au moment du tremblement de terre.

«Il y a quatre personnes à retrouver», énonce-t-elle d'une voix marquée par le manque de sommeil.

S'y ajoutent ses préoccupations pour un employé gravement blessé dans l'effondrement de son bureau de Port-au-Prince, au nombre des trois dont on connaît le sort. «Ça m'inquiète énormément, dit-elle. Les hôpitaux ne sont pas en mesure de recevoir tous les blessés.» Le manque de soins et d'approvisionnement en eau potable et en nourriture lui fait craindre le pire.

Les maigres informations qui parviennent sporadiquement au siège social sont transmises indirectement, par personnes interposées. À Montréal, des employés sont à l'affût des quelques minutes par heure durant lesquelles les contacts électroniques peuvent être établis avec Haïti. Jacqueline Montfourny promet de rappeler en début d'après-midi, dès qu'elle aura du neuf.

Elle le fait à 12h45.

«J'ai eu des nouvelles. Elles ne sont pas bonnes. J'ai eu l'immense peine d'apprendre que notre directeur administratif est décédé.» Michelet Philippe avait été retiré des décombres 12 heures après la catastrophe, les deux jambes fracturées. Montréal avait perdu la trace du blessé après les premières nouvelles de sa survie.

«Je savais qu'il manquerait de soins, poursuit Jacqueline Montfourny. Sa femme nous a appris son décès il y a quelques minutes. Je vais l'annoncer à nos employés.»

La présidente n'a toujours aucune nouvelle de l'aide-géologue, ni des trois autres employés.

L'angoisse dure.

Pas d'abandon

Mais Jacqueline Montfourny l'avait affirmé lors du premier entretien. Elle n'entend ni abandonner ni reculer. La catastrophe qui frappe Haïti ne mettra aucun frein aux projets de Somine.

«On n'a aucune intention de bouger de là, malgré ce qui se passe, affirme-t-elle. Au contraire, nous pensons que le développement économique va grandement aider le pays à se relever.» D'autant plus, ajoute-t-elle, que le gouvernement haïtien est partenaire dans Somine.

Les activités d'exploration de l'entreprise dans le Nord-Est seront à peine ralenties par le séisme.

Parmi les entreprises minières actives en Haïti, Somine est la mieux placée pour passer à l'étape de l'exploitation, assure-t-elle. Elle mentionne une échéance de quelques années - «un nombre plus petit que grand», dit-elle sans préciser davantage. Peut-être pour conjurer le mauvais sort.